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Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Corée

La confrontation entre l’impérialisme américain et la Corée du Nord n’est pas nouvelle. Elle perdure depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. L’impérialisme veut faire croire qu’il s’agit d’une lutte entre Etats démocratiques et un Etat totalitaire. L’analyse qui suit tente de dépasser ce schéma binaire et simpliste en mettant en lumière le rôle de l’impérialisme dans la domination des peuples de la planète. Elle épinglera également le rôle contre-révolutionnaire du stalinisme qui a empêché les surgissements révolutionnaires d’être triomphants, en particulier en Corée.

De l’influence chinoise à la colonisation japonaise

La dynastie Yi, sorte d’autocratie agraire, a régné sur la Corée entre 1392-1910. Ce royaume ermite était un Etat replié sur lui-même, tributaire de la Chine, centralisé et contrôlé par de grands propriétaires. Le pouvoir royal servait à contrôler la paysannerie qui se révoltait régulièrement. L’économie était autarcique.

Entre 1910 et 1945, la colonisation japonaise a conduit une politique d’assimilation. L’empire japonais s’est employé à moderniser la Corée pour s’étendre à la Chine. La société coréenne était divisée entre l’élite qui collaborait avec l’envahisseur et les opposants. La colonisation a amené des migrations de population, de paysans, le remembrement foncier, la révolte des petits paysans devenus fermiers. Les villes ont accueilli un exode rural qui a abouti à la formation d’un prolétariat industriel grâce au réseau ferroviaire. L’existence de ce prolétariat était favorable au développement du socialisme. La colonisation japonaise a forgé un sentiment nationaliste fort. Le mouvement nationaliste était cependant divisé empêchant la formation d’un mouvement national uni.

La Corée est finalement passée d’une influence chinoise dans le cadre d’un royaume indépendant à la domination japonaise.

L’impérialisme et le stalinisme imposent la partition de la Corée

Le 10 août 1945, l’impérialisme américain et l’URSS s’entendent pour la partition de la Corée. Cette entente se réalise dans le cadre des accords de Potsdam de partage du monde après la guerre.

En 1945, après la capitulation japonaise, le gouvernement de la république populaire est un gouvernement d’union nationale. Le parti communiste se reconstitue autour de la figure historique de Yam’An mais sur la base du stalinisme, c’est-à-dire de la révolution par étape, comme en Chine. Il n’est pas question de mettre en place une société socialiste mais de s’allier à la bourgeoisie.

Le général Hodge qui commande le débarquement américain dissout les comités populaires qui se sont organisés en s’appuyant sur la bourgeoisie. Dans le Nord, il y a convergence entre la révolution populaire et la décolonisation. Mais, Moscou respecte l’accord de partition de la Corée (16 millions d’habitants au Nord et 9 millions au Sud). L’URSS ne fournit pas d’appui aux Coréens du Sud ce qui empêche une révolution.

A l’été 45, s’organise donc entre l’impérialisme américain et la bureaucratie stalinienne la partition de la Corée, réfutant toute perspective d’indépendance. Les Coréens se sentent spoliés, outragés. Les nationalistes s’opposent à la partition mais sont éliminés. Le Parti démocrate-chrétien passe sous la coupe des partisans de Kim Il Sung. La commission américano-soviétique plaide le statut quo. Les Etats du Nord et du Sud sont séparés. Le Sud est opposé à la partition mais les Etats-Unis mettent en place un gouvernement bourgeois réactionnaire.

Le Nord engage des réformes sociales. Des conflits de classe apparaissent cependant au Nord comme au Sud.

En 1946, le comité des 5 provinces est dissous et remplacé par un comité populaire provisoire composé avec le groupe communiste chinois Yam’An qui concentre les pouvoirs avec l’aide de l’URSS.

Le PC de Corée né de la fusion de deux groupes, constitue le parti du travail. Au Sud, le parti du travail est pourchassé. Au Nord, se constitue un front démocratique national, d’union nationale, avec des communistes, des démocrates, des nationalistes, des religieux (Jeunes Amis). Les réformes sociales et la répression rendent les communistes hégémoniques. Au début, la liberté de culte est respectée pour la petite bourgeoisie chrétienne puis elle subit la répression. Les chrétiens fuient au Sud et deviennent de fervents anticommunistes. La religion cheondoïste apparue au 19ème siècle pour accompagner le nationalisme, est tolérée dans la paysannerie (Jeunes Amis).

Des initiatives tentent d’unifier le Nord et le Sud mais rencontrent l’opposition des communistes staliniens et sont réprimées et subornonnées au parti du travail.

En 1946, des réformes démocratiques sont menées pour former une élite paysanne et ouvrière. L’idéologie dominant le régime est plus fondée sur le nationalisme révolutionnaire, le culte de la patrie que sur le marxisme-léninisme.

En 1947, la marche est ouverte pour la création d’un Etat du Nord de la Corée avec Kim Il Sung comme Président.

La stalinisation du parti communiste, les bases du régime totalitaire

La Corée a été un des premiers pays d’Extrême-Orient à connaître un mouvement communiste qui a envoyé trois délégués au Congrès du Parti communiste d’Union soviétique en 1922. Il était composé de trois groupes (Irkoutsk, Shangaï et les étudiants). Son unification s’est produite en 1925 donnant lieu à la fondation du PC Coréen mais celui-ci a subi la répression japonaise. Il est démantelé en 1945.

Dans les années 30, se constitue un Front uni d’union nationale composé de nationalistes et de communistes mais avec plus d’influence des communistes qui représentent l’espoir parmi les étudiants, les jeunes, les travailleurs et les paysans mais le mouvement communiste est divisé.

La politique développée par la bureaucratie stalinienne est d’inciter les communistes à trouver des accords avec les nationalistes.

On distingue quatre factions communistes à la sortie de la guerre :

1.         les Communistes de l’Intérieur qui avaient combattu dans la clandestinité la colonisation japonaise. Ils sont présents aussi bien à Séoul, en Corée du Sud qu’au sein du prolétariat du Nord et dans les unions paysannes rouges, opposés aux staliniens

2.         les Coréens soviétiques qui se sont exilés ont la confiance des soviétiques car ils avaient subi des purges staliniennes. Ils jouent un rôle important dans la fondation du parti du travail mais n’ont pas de légitimité vis-à-vis de la population et sont considérés comme des étrangers.

3.         le Groupe Yan’an chinous d’influence chinoise maoïste

4.         les Partisans de Kim Il Sung. D’origine modeste, celui-ci a le soutien de l’URSS. Kim Il Sung prend une fausse identité de héros paysan, guérilleros, antijaponais. Il a émigré en Mandchourie. Les partisans de Kim Il Sung ont la légitimité par rapport à la population car ils ont combattu l’occupation japonaise. Ils ne sont pas des Coréens soviétiques mais ont servi quatre ans dans l’Armée Rouge.

Le parti communiste devient le parti du travail qui est un parti de masse composé de paysans pauvres qui récupèrent des places de dirigeants dans les villages et l’armée.

Se met en place un système totalitaire « socialiste » mais surtout nationaliste. Le parti du travail a subi une lutte entre les quatre factions. Kim Il Sung est soutenu par Moscou et concentre le pouvoir et se prépare à la guerre. Au Sud, les Etats-Unis imposent un régime militaire. Des révoltes se développent à partir de 1948. La répression est féroce, faisant des centaines de milliers de morts.

Le parti du travail connaît des oppositions contre Kim Il Sung qui se dirige vers un despotisme communiste autonome. Le parti connaît des purges pour éliminer des communistes de l’intérieur.

Guerre civile sur fond de guerre froide

Le Nord est perçu comme plus arriéré mais est plus ouvert aux idéologies nouvelles, plus subversif. Le Sud est plus agricole et le Nord plus minier, industriel. Se constitue un prolétariat. Au Nord, l’économie est planifiée, nationalisée et connaît une réforme agraire. L’opposition entre les sexes est abolie. La paysannerie (petits paysans) a joué un rôle dans l’opposition au colonisateur. En 1945, 70% des récoltes allaient aux cultivateurs et 30 % aux propriétaires. Les expropriations sont rapides après la guerre mais sur la base d’une collectivisation à marche forcée qui se réalise contre la paysannerie. La Corée du Nord connaît une crise agricole, le régime étant concentré sur une politique de relance industrielle. Les propriétaires ont fui au Sud. Le niveau de vie des paysans a augmenté au Nord mais pas au Sud qui a connu des révoltes et la répression. Les industries furent nationalisées après la guerre (transfert de la propriété des japonais et des collaborateurs) à l’Etat. Le prolétariat était faible numériquement mais disposait d’acquis. La stalinisation a cependant maintenu les méthodes de colonisation japonaise et s’est appuyée sur l’héritage traditionnel. Ainsi, l’idéologie Juche domine encore les rapports sociaux fondés sur une base confucianiste qui prônait la piété, la loyauté au souverain. Le confucianisme était utilisé par le pouvoir impérial chinois pour maintenir l’ordre social. Il a constitué une valeur cardinale en Corée, au Japon, au Vietnam. Le communisme a éradiqué le système féodal, politique sans éradiquer les racines culturelles, qui ont servi de terreau au « patriarcat socialiste » développant la vénération du chef, Kim Il Sung, comme héros national. La Corée s’appuie sur un régime militaire. Le régime bascule vers une autocratie patriotique. Le nationalisme est exacerbé au Nord et au Sud dans le cadre de la guerre froide pour souder les populations derrière les régimes. Voilà où a conduit le révisionnisme stalinien.

En 1950, le Nord envahit le Sud. Kim il Sung obtient l’accord de Staline qui veut éviter que le Sud sous influence américaine n’envahisse le Nord. Les Etats-Unis interviennent militairement. Les troupes du Nord sont repoussées. La Corée du Nord est également soutenue par la Chine, dirigée par le dirigeant nationaliste dit « communiste » Mao Zedong.

La guerre dure jusqu’en 1953 et fera 1.5 million de morts au Nord et 1 million au Sud.

Au début des années 60, le Sud connaît des révoltes étudiantes. Il y a alors un coup d’Etat soutenu par l’impérialisme américain. Des tensions demeurent entre le Sud pro-américain et le Nord.

Dans les années 70, l’enracinement totalitaire s’effectue autour de la dynastie des Kim. Cet Etat développe le terrorisme et le trafic en tout genre pour pouvoir survivre financièrement.

Il se dote de l’armement nucléaire sur fond de surenchère de la guerre froide évitant ainsi une intervention armée américaine.

La Corée du nord prise en étau sur l’échiquier impérialiste

Le « socialisme dans un seul pays » cher à Staline ne peut pas perdurer, comme une île au milieu de son océan. Inévitablement les crises ne manquent pas. Au milieu des années 90, la Corée du Nord connaît une famine sans précédent. Beaucoup de nord-coréens émigrent vers la Chine. C’est le chaos, appelé « années noires » en 1996-1997 qui requière une assistance étrangère.

Des contacts sont également pris avec les Etats-Unis pour dénucléariser le pays.

En 1994, le dictateur Kim Il Sung meurt, son fils le remplace. Se combine une double crise : sur la scène extérieure, regain de tension avec les Etats-Unis avec menace de frappe nucléaire et sur le plan intérieur, développement de la famine et du risque de perte de contrôle du parti sur la population. Le régime renforce le rôle de l’armée et accentue la répression pour contrôler l’émigration.

Pour faire face à la crise économique, des réformes sont entreprises pour introduire une économie de marché.

La Constitution de 1998, instaure sur le plan économique une relative autonomie des entreprises. Elle permet également le développement des zones économiques spéciales à la chinoise et d’entreprises conjointes avec des capitaux étrangers protégés, essentiellement chinois. La Corée du Nord connaît le début de libéralisation commerciale. L’économie est duale : étatique et de marché. La propriété privée des biens immobiliers engendre la spéculation immobilière. Le développement de petites entreprises, la privatisation de l’économie et la monétarisation développent l’inflation et les disparités sociales.

Sur le plan politique, la seconde république de 1998 consacre la primauté de l’armée au sein de l’Etat et glorifie à la patrie et l’identité nationale.

Comme au Vietnam, la révolution socialiste est liée à la lutte pour l’indépendance. La Corée est acteur de l’affrontement avec l’impérialisme américain. C’est un régime stalinien, nationaliste racial, xénophobe, empreint de patriotisme. Le patriotisme radical est une réaction à la colonisation japonaise. Les communistes et les libéraux étaient tous unis pour la libération nationale. Au moment de la guerre froide, ce combat s’est transformé en guerre civile. Kim Il Sung a pris de la distance avec le stalinisme. Il était non aligné. Il a mis en place un système totalitaire. Le régime s’est appuyé sur des formes traditionnelles : hiérarchies sociales, autorité de l’Etat, système patriarcal …

C’est un Etat- issu de la guérilla car il n’y a pas eu de traité de paix après la guerre. La lutte armée est un fondement du régime. C’est un Etat de partisans qui s’appuie sur l’adhésion populaire, l’espoir dans le socialisme, la libération nationale meurtrie par la colonisation japonaise. Cet Etat totalitaire réprime les opposants mais a développé l’Education, a collectivisé les terres ce qui provoqué un certain succès dans les masses.

Le rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine à partir des années 70 modifie également les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. En 1991 est signé un accord de réconciliation et de non-agression. La Corée du Sud s’engage à une assistance alimentaire et à un développement commercial

Dans les années 2000, le pays a connu des « ajustements » appelés pudiquement « sectoriels » qui sont clairement capitalistes, accroissant l’autonomie de gestion des entreprises.

Il s’agit d’un capitalisme d’Etat comme en Chine.

La libéralisation de l’économie a engendré l’inflation, la dégradation des conditions de vie et l’augmentation de la pauvreté faisant apparaître de nouveaux riches du fait de l’accumulation du capital. Les liens avec l’étranger ont augmenté ainsi que les échanges de devises (avec la Chine, le Japon).

En 2004, le régime restaure le système de distribution publique pour assurer un minimum alimentaire à la population.

En 2009, le changement de politique monétaire provoque la ruine des petits commerçants du fait de l’augmentation du cours des devises et entraîne des mécontentements.

Depuis les années 2000, on assiste à un rapprochement entre le Nord et le Sud mais le régime poursuit une politique de confrontation avec les Etats-Unis.

En 2005, un projet d’accord échoue sur fond de scandale financier (BDA) orchestré par la CIA visant la Corée du Nord et la Chine. Pyongyang réplique par des tirs de missiles et un essai nucléaire. L’hostilité contre les Etats-Unis renforce le régime.

En 2006, Washington est contraint au dialogue du fait de son enlisement dans la guerre en Irak. L’accord avec la Corée du Nord prévoit le déblocage des fonds de la BDA et la livraison de fioul contre l’arrêt du réacteur nucléaire et l’autorisation des inspecteurs de l’autorité de sûreté nucléaire à vérifier les installations. Mais cet accord est un échec car le régime ne stoppe par la prolifération nucléaire. Le renforcement nucléaire de la République Populaire Démocratique Coréenne est un moyen de défense et de sauvegarde du régime contre une intervention américaine.

En 2008, Kim Jong Il est malade. Il est question de sa succession. Le maintien de la dynastie des Kim est souhaité notamment par la Chine pour ne pas déstabiliser le régime. Son fils Kim Jung Un exerce un pouvoir absolu. Le développement de l’économie de marché accroit une minorité d’argent au sein de l’appareil bureaucratique et de l’armée. Les liens économiques se renforcent avec la Chine. De nouvelles hiérarchies sociales apparaissent. Les nouvelles générations sont moins assidues aux séances d’endoctrinement. Mais la Corée du Nord ne connaît pour autant pas de rébellion car il n’y a pas de moyen d’organisation ni d’expression propre.

Depuis 2012, le profit a été légalisé et la monétarisation infiltre l’économie. En 2013, se sont multipliées les zones économiques spéciales. La propriété demeure propriété de l’Etat mais se développe une gestion capitaliste, une gestion autonome des entreprises, générant des profits qui sont réinvestis.

L’équilibre est précaire pour le régime qui doit réguler l’économie parallèle sans étouffer l’économie de marché, donner aux plus pauvres et à la classe moyenne tout en assurant à l’élite qu’elle ne perdra pas ses privilèges. L’Etat autoritaire est assis sur le ferment nationaliste.

Depuis la chute de l’URSS et le développement capitaliste de la Chine, la Corée du Nord est un pion sur l’échiquier impérialiste. Les impérialismes américain et chinois se livrent ainsi à une rivalité interposée pour tenter de garder un pied dans la région pour le premier – incluant un développement militaire important en Corée du Sud – et contenir ses frontières pour le second.

La Chine assume un rôle d’assistance économique et politique auprès de la Corée du Nord. La puissance régionale est intervenue pendant la guerre civile des années 50 aux côtés du Nord. Elle veille à la stabilité de la région. L’effondrement au Nord amènerait l’afflux de réfugiés et menacerait sa frontière. La Chine incite la Corée du Nord à l’économie de marché et joue un rôle de médiation avec les Etats-Unis. Elle mène ainsi un double jeu : elle condamne d’une voix les essais nucléaires de Pyongyang mais soutien d’une main son économie et ses bases militaires afin d’éviter la déstabilisation du régime. Elle a également renforcé les liens économiques avec la Corée du Sud. La Corée du Nord permet le maintien d’une zone tampon entre le Sud pro américain et la frontière chinoise.

Les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans la région pour contrer la puissance régionale chinoise. Leur objectif à terme est d’imposer une réunification sous la houlette du Sud pour modifier les rapports de force régionaux. L’objectif de la Chine quant à elle est d’éviter que la Corée du Nord tombe sous la coupe américano-sud-coréenne en faisant jouer son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU.

La Corée du Nord est un élément important de la stratégie chinoise par rapport à Washington.

La Chine met en place un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle avec la Corée du Nord qui lui assure un moyen de pression sur Pyongyang et en même temps sur les Etats-Unis et la Corée du Sud pour éviter une intervention militaire. La Chine a intérêt au maintien de la dynastie des Kim qui tient mieux en main le pays qu’un gouvernement pro chinois.

On assiste finalement à un statut quo : ni intervention militaire directe ni de la Chine, ni des Etats-Unis, ni de la Corée du Sud. L’absence de réunification des deux Corée évite de poser la question de la frontière nord (présence d’une minorité coréenne au sud de la Chine qui pourrait avancer des revendications nationales).

Sur le plan économique, la Chine est intéressée par l’approvisionnement depuis la Corée en minerais rares. Elle peut également accéder depuis la Corée à la mer du Japon. La mise en place des zones économiques spéciales et 80% du commerce extérieur de la RPDC se font avec la Chine.

Depuis peu, la Russie est rentrée dans le jeu inter-impérialiste. Depuis 2014 et la crise ukrainienne, la Russie tente de faire contrepoids par des accords économiques. Elle joue également le rôle de médiateur. Son intérêt est de maintenir la stabilité de la région pour sécuriser ses approvisionnements en ressources naturelles de Sibérie ce qui s’oppose à toute tentative de réunification entre le Nord et le Sud pro américain. La Russie développe des investissements en Corée du Nord (gazoduc et chemins de fer) et assure la fourniture de pétrole et d’électricité. Pour Pyongyang, le rapprochement avec la Russie permet de desserrer l’étau avec la Chine. La Chine et la Russie font ainsi front contre les résolutions déstabilisant le régime. La Russie ne supplante pas la Chine mais se rapproche de la RPDC dans la stratégie de confrontation avec les Etats-Unis. Elle joue ainsi un rôle de médiateur.

Quelle issue pour les masses ?

En résumé, la lutte contre la colonisation japonaise a été la base de constitution du parti communiste. La partition de la Corée en 1945 a été orchestrée par les Etats-Unis et l’URSS qui a soutenu la politique d’élimination des communistes coréens. La mise en place de la dynastie des Kim, soutenue d’abord par l’URSS stalinienne puis par la Chine, permet de maintenir un régime nationaliste patriotique autoritaire contrôlant les masses.

La libéralisation de l’économie à partir des années 70-80 puis son accélération dans les années 90 sur le modèle chinois a constitué un capitalisme d’Etat comme en Chine qui s’appuie sur une autonomie de gestion (des salaires, des achats, des profits). Les bénéfices sont en partie réinvestis (reversés pour 30% à l’Etat) permettant un autofinancement privé supérieur aux investissements d’Etat. L’autonomie de gestion s’est introduite également dans l’agriculture dans les coopératives. Les surplus sont conservés par les agriculteurs. Les zones économiques spéciales se sont développées sur le modèle chinois avec des capitaux étrangers (chinois) avec création d’une banque d’Etat pour financer les infrastructures. La Corée est également un atelier de sous-traitance chinois du fait de l’augmentation des salaires en Chine. Tout ce système alimente la corruption du pouvoir par les entrepreneurs.

La Corée du Nord est sous influence de l’impérialisme chinois depuis la guerre, contre la Corée du Sud pro américaine. La Chine maintient ce régime pour ne pas déstabiliser la région.

Les Etats-Unis n’ont pas aujourd’hui les moyens d’une invasion directe.

La perspective pour le prolétariat coréen est tout d’abord d’imposer les droits démocratiques d’expression, d’information, de réunion, de manifestation et d’organisation pour pouvoir s’organiser.

La réunification de la Corée, menée par les classes ouvrières et paysannes des deux pays chassant la dynastie Kim au pouvoir et toute la caste étatique et militaire, pourra alors être posée contre le maintien de la partition par les impérialismes américain, chinois et russe et pour rétablir et contrôler la propriété collective des moyens de production en lien avec le prolétariat chinois.

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