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Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Grèce, #Europe, #Crise

Grèce : A bas le plan d’austérité !

Non au paiement de la dette ! Annulation pure et simple de la dette

En décembre 2009, le nouveau gouvernement grec du Pasok fraîchement élu révèle les manipulations financières de ses prédécesseurs : le déficit est en réalité le double de celui prévu, et la dette est en train de s’envoler. Cette annonce déclenche rapidement une tornade politique et financière. La faillite de l’Etat grec est annoncée ; on évoque un possible effet « domino » sur les autres pays méditerranéens en difficulté, généreusement appelés « PIGS » (Porcs) par les gazettes financières anglo-saxonnes (PIGS pour Portugal, Italie, Grèce, Espagne). L’éclatement de l’euro est évoqué. Qu’en est-il vraiment, et comment en-est on arrivé là ?

Retour en arrière : du désordre monétaire à la crise bancaire

La suppression de la conversion en or du dollar en 1971, dans la foulée de la guerre du Viêt-Nam, avait marqué le début de la crise et de la dérégulation du système monétaire issu de l’après-guerre. Les Etats-Unis faisaient marcher la planche à billets pour tenter de résoudre leur crise : avec une émission de dollars dépassant largement la croissance économique réelle, ils ont reporté les échéances, rendu supportables des déficits croissants. Mais ils ont aussi alimenté une inflation et une succession de bulles spéculatives qui se sont étendues à l’ensemble du monde capitaliste, le dollar étant la monnaie de référence.

Cette décision témoignait de la crise du système capitaliste, de son pourrissement avancé, en particulier en son cœur, aux Etats-Unis. Trois décennies plus tard, le 09 août 2007, lorsque la banque française BNP-Paribas ferme trois de ses fonds d’investissements en difficulté, ce fut le début de la plus grande crise financière depuis 1929, qui se traduira par l’explosion du système de prêts immobiliers « subprimes » aux Etats-Unis, et, un an plus tard par la faillite de la banque Lehmann Brothers. La crise naît aux Etats-Unis, mais l’Europe, comme le reste du monde capitaliste, est, bien entendu, touchée de plein fouet.

La mise en place de l’euro : des contradictions insurmontables

La mise en place de l’euro par les bourgeoisies européennes, dans les années 90, sous direction allemande, répondait à cette période de crise larvée du capitalisme, avant que n’explose la crise financière en 2007: en s’alliant, en respectant une discipline financière orthodoxe et stricte, en contrôlant l’émission de monnaie (à l’inverse des Etats-Unis), les bourgeoisies européennes avaient pour objectif, avec un euro fort et stable, de surmonter ces contradictions issues du désordre monétaire international.

La banque centrale européenne, indépendante participait de cette volonté : elle devait être indépendante, en théorie, des gouvernements (bien qu’en pratique au service de l’impérialisme dominant, l’impérialisme allemand). Des traités contraignants, encadrant les déficits et l’endettement des Etats participant à l’euro (Maastricht, Amsterdam) étaient ratifiés, des procédures de sanction pour « déficit excessif » étaient instituées. A terme l’ambition était bien de substituer l’euro au dollar comme monnaie internationale de référence.

La chute du dollar consécutive à la crise des subprimes, et à l’explosion des différentes bulles financières, avait conduit certains économistes à donner raison à ce scénario. Mais c’était oublier les faiblesses intrinsèques de l’euro.

L’euro est en effet le produit de l’alliance des différentes bourgeoisies européennes qui se sont chacune développées au sein de leurs Etats nationaux, et avec chacune leurs intérêts propres. Cette alliance ne peut tenir que lorsque la situation économique globale est suffisamment favorable pour que chacune puisse y trouver son compte. Mais dès que le contexte se tend, leurs rivalités reprennent le dessus, et notamment entre les principales bourgeoisies (allemande, française, et pour une moindre mesure italienne), l’illusion se dissipe. La contradiction insurmontable entre une monnaie commune et des États bourgeois rivaux ne peut en effet soutenir une crise majeure.

Mettre en place la monnaie unique nécessite en effet de mettre en place une stratégie monétaire unifiée notamment en matière d’émission de monnaie, de taux d’intérêt, de taux de change... Mais dans un contexte de concurrence, cela ne peut se mettre en place que sous la direction et au profit de la bourgeoisie dominante, en l’occurrence la bourgeoisie allemande, ce qui est politiquement insoutenable pour les autres bourgeoisies européennes.

La difficulté de mettre en place une structure politique commune, sous influence allemande, a été soulignée par l’échec du traité de Nice en 2001, puis les difficultés du Traité Constitutionnel Européen en 2005. L’ambition du traité de Lisbonne, laborieusement adopté en 2009, demeurait encore très insuffisante dans son objectif. L’Allemagne reste donc contrainte de naviguer à vue et de négocier.

Monnaie unique et déséquilibres économiques dans la zone euro

En dépit de ces faiblesses, la mise en place de l’euro sera, dans un premier temps, un succès pour la bourgeoisie allemande, exactement comme elle l’escomptait : son industrie enfonce ses concurrents français et italiens, d’autant plus qu’elle a réussi à porter des coups d’ampleur à son prolétariat, quand les grèves et mouvements de masses se poursuivent en France et dans la plupart des pays du sud de l’Europe. Entre 1996 et 2006, le salaire brut progresse d’1% en Allemagne par an, contre 2,8% en moyenne en France comme dans le reste de la zone euro. Durant certaines années, il y a même une baisse absolue des salaires bruts ! Son excédent commercial s’envole, et elle demeure, au coude à coude avec la Chine, un des deux premiers exportateurs de biens au monde.

Mais si l’euro a permis d’accélérer la domination allemande, notamment en interdisant à la France et à l’Italie de dévaluer leur monnaie (comme l’Italie l’avait fait en 1992), afin de combler leur retard de « compétitivité », c’est au prix d’une aggravation considérable des déséquilibres internes.

En effet, si l’industrie des pays les plus faibles de la zone euro était laminée sous le rouleau compresseur de l’industrie allemande, ils pouvaient bénéficier des taux d’intérêts relativement faibles permis par l’euro. En 2006, peu avant la crise, les taux de la BCE se situent entre 2% et 3%, contre plus de 10% pour les pays su sud de l’Europe au début des années 90. Même aux Etats-Unis, les taux d’intérêt américains en 2006 oscillait entre 4 à 5%. Grâce à la baisse des taux d’intérêt, le coût des intérêts de la dette se stabilisait malgré la progression de l’endettement.

Les pays dominés de la zone euro asphyxiés

En une décennie, l’euro a ainsi permis, dans les pays les plus faibles un endettement massif, de l’État (Grèce), des particuliers (Espagne), voire des deux (Irlande), gérable à court terme. Mais cette montagne de dettes se transforma en bombe lors de la crise financière de 2008 puis de la récession en 2009. Ces Etats n’ont plus d’issue :

  • Leur industrie est laminée à l’intérieur par la concurrence de l’Allemagne et à l’extérieur par les pays asiatiques, sans pouvoir réagir par une dévaluation de la monnaie.
  • Les taux d’intérêts faibles ont généré une forte inflation interne et la création de bulles immobilières, qui se sont révélées désastreuses pour le capital lorsqu’elles ont éclaté en 2008 et 2009.
  • Leur déficit budgétaire et leur endettement a crû et atteint des niveaux insoutenables.

D’un point de vue bourgeois, la solution capable de résoudre ces déséquilibres à long terme, la sortie de l’euro et la dévaluation de la monnaie, apparait impossible à court terme : elle entraînerait automatiquement un renchérissement des taux d’intérêt, rendant impossible le paiement des intérêts de la dette.

Martin Wolf, analyste pour le Financial Times, résume ainsi la situation :

« Cela a entraîné les pays périphériques dans un piège : ils ne peuvent pas facilement générer un excédent extérieur ; ils ne peuvent pas aisément relancer l’emprunt du secteur privé ; et ils auront du mal à supporter durablement les déficits budgétaires actuels. L’émigration de masse serait une possibilité, mais on voit mal comment elle pourrait être recommandée. »

La Grèce était le pays le plus fragile de la zone euro. Son Etat est faible, incapable de lever l’impôt au sein de la bourgeoisie : l’évasion fiscale et le travail non déclaré atteignent des sommets, malgré des actifs conséquents (les armateurs grecs sont toujours à la tête de la première flotte marchande du monde). Citant une source grecque, le Monde Diplomatique indique ainsi que les professions libérales déclarent en moyenne 10.500 € de revenus par an, soit nettement moins que les salariés et retraités (16.000 €)! Et il est tout aussi incapable de mater son prolétariat, d’entamer profondément et durablement ses acquis ouvriers. Face aux conséquences de la crise financière, il est logiquement le premier à entrer en crise.

Le nouveau gouvernement grec du PASOK révèle l’ampleur du déficit

Le 16 octobre 2009, le parti social-démocrate grec, le PASOK, remporte les élections législatives. Il met fin à huit années de gouvernement conservateur de la « Nouvelle Démocratie », qui fut marqué par d’importantes révoltes des masses et de la jeunesse, en particulier estudiantine, avec de longues occupations des universités et de combats avec les forces de l’ordre après la mort d’un étudiant, tué par la police.

Georges Papandreou, le nouveau premier ministre, annonce quelques jours plus tard la nouvelle : le précédent gouvernement a masqué l’ampleur des déficits ; le déficit de 2009 est en réalité de 12% du PIB, le double de celui annoncé (6%), soit bien davantage que ce que n’autorise le traité de Maastricht (3%). La dette publique grecque s’envole à 113% du PIB, et s’approche des 300 milliards d’euros.

Entre décembre et février, l’Etat grec est en conséquence lourdement rétrogradé par les agences de notation financières. Sur le marché, les taux des obligations (bons du Trésor) de l’Etat grec s’envolent, en se négociant entre 6 et 7%, contre 3% pour l’Allemagne. Et d’ici le mois de mai 2010, le gouvernement grec doit trouver 50 Mds d’Euros pour refinancer une partie de sa dette qui arrive à échéance. Cependant, à un taux de 6 ou 7%, les intérêts de la dette étrangleraient le budget du pays, conduisant à la cessation de paiements. La récession économique mondiale, l’impossibilité de dévaluer rend illusoire toute progression de l’activité économique à court terme. L’impasse est totale.

Le rôle limité de la spéculation

Le rôle de la spéculation et notamment de certains outils financiers, les CDS (Credit Default Swap, qui constituent des assurances sur les risques de défaut de paiement) a été dénoncé par de nombreux partis et syndicats ouvriers. Il est certain que le fait que les banques prêtent à 6% à la Grèce lorsque la BCE prête à 1% ressemble à une rente usuraire sur le dos du prolétariat grec.

Mais c’est bien la prime « de risque » qui est intégrée dans ces 6%. Les 300 milliards de dette de l’Etat grec, son déficit colossal, n’est pas une conséquence de la spéculation : c’est ce qui la rend possible. Il n’y a pas de telle spéculation sur la dette de l’Etat allemand, suisse, norvégien ou luxembourgeois…

Ce sur quoi s’enrichit pour l’instant la spéculation, c’est la contradiction politique majeure de l’euro. Tous savent que la dette grecque est insoutenable à court terme ; tous savent aussi qu’aucun Etat n’a intérêt à laisser la Grèce faire faillite. Les taux s’envolent sous l’effet du risque, car la simple arithmétique conduirait à une probable cessation de paiements de la Grèce. Mais les fonds spéculatifs tablent en même temps sur une aide fournie à la Grèce, en raison de son appartenance à la zone euro, ce qui garantirait sur le long terme le paiement de la dette grecque. Une telle aide, quelle que soit sa forme, semblerait inévitable pour éviter la catastrophe financière redoutée que constituerait une faillite de l’Etat grec : les banques allemandes, françaises, sont en effet gavées de dizaines de milliards d’euros d’obligations grecques.

En même temps, une telle aide pour la Grèce s’appliquerait aussi forcément à l’Espagne, au Portugal, à l’Irlande, voire à l’Italie ; et l’épongement de leurs déficits serait forcément dévastateur pour la force de l’euro, et l’orthodoxie monétaire à laquelle l’Allemagne s’était astreinte. Celle-ci craint de voir son mécano politico-monétaire se déconstruire et, avec lui, le chaos provoqué par un nouveau désordre monétaire à l’intérieur de l’Europe, alors que les intérêts financiers des différents Etats sont plus imbriqués que jamais.

La bourgeoisie allemande déchaînée

Placée devant ses contradictions par cette crise, la bourgeoisie allemande se déchaîne ainsi contre la Grèce : un dirigeant FDP (libéraux, en coalition avec la CDU/CSU au sein du gouvernement Merkel) déclare « qu’on n'aide pas un alcoolique en lui donnant une autre bouteille de schnaps », s’opposant ainsi violemment à toute aide financière de l’UE à la Grèce, tandis qu’un député CDU appelle la Grèce à vendre tout ce qu’elle possède, « des immeubles, des entreprises et les îles inhabitées ». Le magazine allemand Focus n’hésite pas à afficher en couverture une Vénus de Milo faisant un doigt d’honneur, avec comme commentaire « Escrocs dans la famille de l’UE » (ce qui provoqua un mini-krach diplomatique, Papandréou convoquant l’ambassadeur allemand).

Bien sûr, il y a un vieux règlement de comptes de la bourgeoisie allemande contre la population des Balkans : la résistance grecque contre l’occupant italien et nazi, tout comme celle de Yougoslavie, avait retardé et affaibli les troupes de l’Axe au moment de l’invasion de l’URSS, favorisant la défaite du siège de Moscou puis de Stalingrad.

Il y a aussi le rejet de classe du prolétariat grec, de ses acquis. Une des références de la bourgeoisie allemande, le Frankfurter Allgemeiner Zeitung, s’indigne : « Les Allemands doivent-ils travailler non plus jusqu'à 67 mais jusqu'à 69 ans pour que les Grecs profitent de leur préretraite ? » L’âge de la retraite était en effet de 61 ans en Grèce, alors que le gouvernement de grande coalition l’a déjà reporté (progressivement) de 65 à 67 ans en Allemagne. Il n’est cependant pas question de l’excédent commercial de l’Allemagne en Grèce, ni des bénéfices que les banques françaises ou allemandes retirent du paiement des intérêts de la dette grecque…

L’Etat grec sous tutelle ?

Mais cette réaction démontre que la volonté est d’aller plus loin dans la mise au pas des pays du sud de l’Europe, de renforcer la domination allemande. Si l’impérialisme allemand n’envisage pas véritablement une faillite de la Grèce en bonne et due forme (le choix fait par les autorités américaines de laisser la banque Lehmann Brothers faire faillite s’étant révélé risqué financièrement et politiquement), il s’agirait alors pour elle de conditionner toute aide à une ingérence dans la souveraineté budgétaire du pays, et de contrôler sa politique. Actuellement, la situation est tout à fait insuffisante : ainsi, par exemple, l’office européen des statistiques, Eurostat, n’a même pas les moyens de disposer des chiffres sur les budgets et les déficits indépendamment des données fournies par chacun des Etats membres !

Le 11 février, lors du sommet commun réunissant Merkel, Sarkozy, Papandréou, le président du Conseil Européen (Van Rompuy), déclare : « Nous appelons le gouvernement grec (…) à réduire réellement son déficit budgétaire de 4 points en 2010. » et Sarkozy a assuré que « les efforts grecs seraient surveillés chaque mois » et que « la Grèce est décidée à faire ce qu’on lui demande ». Et l’État grec retrouve le chemin du protectorat (alors britannique) qu’il était après son indépendance en 1830…

Papandreou renforce son plan d’austérité

Le premier ministre grec, Papandreou, est placé au pied du mur. La situation financière du pays ne lui laisse que peu d’alternatives : s’il renonce à un plan d’austérité massif tel que dicté par les bourgeoisies françaises et allemandes, les seules options restantes ne seraient guère que la cessation de paiements ou une révolution socialiste… Le plan d’austérité sera donc des plus sévères, avec une série d’attaques contre le prolétariat grec, en particulier :

  • Le report de l’âge de la retraite de 61 à 63 ans, et le gel des retraites.
  • La diminution de 10% du salaire des fonctionnaires, et le non-remplacement de 4 fonctionnaires sur 5 !
  • L’augmentation de la TVA de 2% à 21%
  • L’augmentation considérable des taxes sur le tabac, l’alcool, l’immobilier….

Ces mesures sont censées aboutir à une diminution du déficit de 4,8 Mds d’euros, ramenant le déficit de 2009 à 8% du PIB. Elles s’attaquent en premier lieu au prolétariat, au niveau de vie déjà bien réduit (les salaires démarrent à 700€…) et épargnent en « bonne logique » capitaliste le capital, afin d’éviter de nouvelles évasions fiscales.

Malgré le satisfecit donné par Merkel (« c’est un effort impressionnant (…), un pas extrêmement important »), qui salue le fait qu’enfin le gouvernement grec s’attaque à son prolétariat, certains analystes soulignent que ces mesures ne vont en rien résoudre les contradictions de fond.

« Il y a un risque important d’asphyxie de l’économie grecque », indique Philippe Sabucco, économiste à BNP-Paribas. De fait, la chute de la consommation et la baisse des recettes fiscales ne permettra pas de rétablir ni l’équilibre budgétaire, ni le comblement des écarts de productivité avec la France ou l’Allemagne, figés par le maintien de l’euro.

Mais l’objectif de Merkel et de Sarkozy, n’est pas le rétablissement de l’économie grecque, mais sa soumission à leurs intérêts, et la mise au pas de son prolétariat.

Fonds Monétaire Européen allemand contre FMI américain

Le 9 mars, le gouvernement allemand, propose tardivement, plusieurs semaines après le début de la crise grecque de mettre en place un fonds monétaire européen (FME), un fonds commun à la zone euro qui allouerait des prêts à des taux réduits aux pays de la zone euro en difficulté. Si certains analystes l’interprètent comme une volonté d’ouverture, concrétisant de la part de l’Allemagne une aide sous forme de taux réduits, il s’agit en fait de poursuivre la politique de contrôle des pays en difficulté.

En effet, ce fond n’a d’autres objectifs que celui que joue déjà le FMI : celui de « prêteur en dernier ressort ». Au cours des années 70 à 90, le FMI a en effet aidé de nombreux pays africains, sud-américains, asiatiques en cessation de paiement. Mais ces pays devaient en contrepartie mettre en place des « programmes d’ajustement structurels » qui se traduisaient par des coupes drastiques dans les budgets de la santé, de l’éducation, par des privatisations… Ces politiques ont provoqué une forte chute du niveau de vie des prolétariats de ces pays, et l’arrivée des trusts impérialistes rachetant les anciennes entreprises nationalisées.

C’est bien ce qui est à l’ordre du jour pour l’impérialisme allemand face à la Grèce : porter des coups au prolétariat grec, contrôler son économie (« racheter ses îles »)… Le Figaro du 09 mars cite ainsi Dobrindt, dirigeant de la CSU, aile bavaroise de la CDU, le parti de Merkel ; « Nous devons réfléchir maintenant à la façon dont nous allons à l'avenir mieux contrôler des Etats de la zone euro comme la Grèce et pouvoir prendre des sanctions efficaces ».

Le tout est de disposer d’un instrument indépendant du FMI, lequel est largement sous l’influence des intérêts américains. L’arrivée du FMI serait en effet vécu comme un camouflet pour la zone euro - et son leadership allemand, qui se serait montrée incapable de s’autoréguler.

Tensions franco-allemandes : Lagarde lâche une bombe, Merkel sort les couteaux

La proposition allemande place Sarkozy en difficulté. Le 07 mars, le Financial Times analyse ainsi que ce sera « difficile à avaler pour la France, compte tenu de son plus grand laxisme budgétaire ».

En effet, la plupart des analystes ont mis en évidence le fait que l’impérialisme français souffre, à une échelle moindre, des mêmes problèmes que la Grèce. Le JDD titre ainsi le 06 mars : « La Grèce, avenir de la France ? »

L’industrie est en perte de vitesse, après avoir subi en quelques années les coups de butoir des concurrents allemands, le solde commercial s’est creusé de plusieurs dizaines de milliards d’euros, des déficits budgétaires et un endettement vont croissants. Mais dans le même temps, des pans entiers de l’impérialisme français, en particulier ses banques et sa finance, son industrie aéronautique, ont leurs intérêts totalement liés à l’impérialisme allemand. Ces contradictions placent la bourgeoisie française et Sarkozy, dans une situation délicate.

Le 16 mars, alors qu’aucune solution consensuelle ne se dessine, Lagarde, ministre de l’économie de Sarkozy tente de desserrer l’étau allemand en lâchant une bombe dans le Financial Times, remettant en cause le « modèle » exportateur allemand : «Il est clair que l'Allemagne a accompli un extrêmement bon travail au cours des dix dernières années environ, améliorant la compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d'œuvre (…) Mais je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l'ensemble du groupe [de la zone euro]. Il est clair que nous avons besoin d'une meilleure convergence.» Terrible aveu de faiblesse de l’impérialisme français, en voie de déclassement, qui met sur la table les contradictions de l’euro pour tenter désespérément d’obtenir encore un peu de lest côté allemand.

Peine perdue : cette déclaration, rapidement nuancée par Lagarde elle-même, provoque un tollé dans la bourgeoisie allemande. Merkel renvoie sèchement Lagarde dans les cordes (« Nous n'allons pas abandonner nos atouts au prétexte que nos produits sont peut-être plus demandés que ceux d'autres pays »), et passe au cran supérieur. Pour la première fois, elle déclare le 18 mars qu’il faudrait pouvoir exclure le cas échéant des pays de la zone euro, par « une disposition dans le traité [UE] qui permette, en dernier recours, d'exclure un pays de la zone euro si les conditions ne sont pas remplies de façon répétée sur le long terme ».

Au travers de ces attaques verbales, il y a là le bras de fer entre les impérialismes européens, traduisant leur incapacité à dépasser les rivalités entre leurs propres bourgeoisies. L’Union Européenne, alliance conflictuelle entre les différents Etats bourgeois rivaux, se déchire : tout le monde a compris au travers de la crise grecque que les clés du pouvoir ne pas sont à Bruxelles, mais bien à Berlin.

Ce que les bourgeoisies européennes sont incapables de faire – unifier l’Europe, seul le prolétariat peut le faire. Encore faut-il que ses dirigeants organisent le combat contre leur propre bourgeoisie, contre l’Union Européenne, union des états capitalistes d’Europe, pour se diriger vers la perspective des Etats-Unis socialistes d’Europe !

Front unique pour imposer au gouvernement Papandréou le retrait de son plan d’austérité

Le prolétariat grec n’a pas dit son dernier mot : l’annonce du plan d’austérité du gouvernement Papandréou a déclenché deux grèves générales, pendant lesquelles les transports, les services publics, les banques ne fonctionnaient pas. Les travailleurs grecs rejettent en effet massivement le plan de rigueur, alors qu’ils ont voté l’an dernier pour le PASOK contre le précédent gouvernement bourgeois qui défendait les intérêts capitalistes.

Mais les dirigeants du Pasok se plient aux exigences de l’UE en annonçant un plan d’austérité. Les travailleurs grecs doivent s’organiser dans leur mobilisation contre ce plan, dans des comités de grève, dans un comité central de grève afin de contrôler leurs mobilisations, pour imposer au gouvernement Papandréou qu’il rompe avec la bourgeoisie, qu’il cesse de donner des garanties l’UE, aux États dominants (Allemagne, France), aux banques.

Mais la classe ouvrière grecque ne peut pas mener ce combat seule. Il est du devoir des organisations ouvrières européennes, et en particulier en France, comme en Allemagne de soutenir ce combat et d’exiger non pas un simple soutien « moral », comme l’exprime par exemple le communiqué des députés européens de Die Linke le 24 février, mais bel et bien, mais d’exiger d’une seule voie, l’annulation pure et simple de la dette grecque et le retrait du plan d’austérité !

Tous les partis et syndicats ouvriers doivent exiger du gouvernement Papandréou le retrait de son plan d’austérité :

Arrêt du paiement des intérêts de la dette ; annulation pure et simple de la dette !

A bas l’Union Européenne !

Pour les États-Unis socialistes d’Europe !

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