Le blog du groupe Révoltes

Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Amérique latine, #lutte des classes

Bolivie : pour un gouvernement ouvrier expropriant les mines

Fin 2011, le gouvernement Morales a du abandonner le projet de route qui devait traverser le parc naturel de Tipnis et avait provoqué la colère de milliers d'indiens amazoniens. La mobilisation des Indiens, soutenue par les travailleurs et leur centrale syndicale, la COB, a fait reculer le gouvernement.

En avril-mai 2012, le gouvernement Morales a été confronté à une série de mobilisations. Les mineurs boliviens, organisées par la COB, exigeaient une augmentation salariale supérieure aux 8% proposés par le gouvernement. Par ailleurs, les travailleurs du secteur de la santé se sont opposés quant à eux à un projet visant à faire passer leur journée de travail de six à huit heures, tandis que les étudiants se sont mobilisés pour les soutenir. De même, les Indiens d’Amazonie, après avoir combattu victorieusement pour l’abandon du projet de route qui devrait traverser leur territoire,  revendiquaient également la fin des activités gazières dans le parc Aguaragüe, qui fournissent 80% de la production nationale de gaz, la principale richesse du pays, des garanties sur la préservation de leur habitat ainsi que la réaffirmation de leur droit à vivre dans un milieu naturel préservé.

Ces mobilisations traduisent bien l’impasse de la politique du gouvernement Morales. Ce gouvernement petit-bourgeois est incapable de satisfaire les revendications élémentaires des travailleurs et remet même en cause leurs conditions de travail car il refuse de s’attaquer à la propriété capitaliste, notamment celle des mines, principale richesse du pays.

C’est pourquoi, les travailleurs boliviens doivent dicter à la COB la voie à suivre : la COB doit œuvrer à la constitution d’un véritable parti ouvrier révolutionnaire, capable d’organiser la classe ouvrière bolivienne en vue de porter au pouvoir un gouvernement ouvrier dont le programme serait d’en finir totalement avec la propriété capitaliste. Un tel gouvernement devrait de plus avancer vers la collectivisation des terres et permettre aux Indiens, dans le cadre d’un État socialiste, de vivre sur les terres de leur choix.

 

Chili : A bas le gouvernement Pinera ! Pour un gouvernement ouvrier soutenu par la CUT et les organisations lycéennes et étudiantes

Au Chili, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont à nouveau manifesté, le 28 août 2012, à Santiago, pour demander une réforme de l'éducation. Plus de 100 000 personnes ont participé au rassemblement, l'un des plus importants de ces dernières semaines. Les étudiants bénéficiaient en effet de l'appui des professeurs et de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), principale confédération syndicale du pays, qui avait appelé ses membres à se joindre au défilé.

Les jeunes chiliens ont relancé leur mouvement, après les importantes mobilisations de l’été 2011.

Ces jeunes Chiliens revendiquent avant tout un enseignement public gratuit et de qualité, et, depuis le début du mois d'août, les établissements emblématiques de Santiago sont assiégés. Le gouvernement de Sebastián Piñera poursuit la répression contre la "révolte des pingouins" [surnom donné aux lycéens], qui a entraîné la mort de Manuel Gutiérrez en 2011 [ce lycéen de 16 ans a été tué d'une balle lors de la grève générale, le 26 août 2011]. Le gouvernement Pinera accentue la présence policière dans les établissements scolaires : ainsi, la police a occupé le principal établissement public chilien, l'institut national José Miguel Carrera.

Après la dictature de Pinochet, l’alliance gouvernementale du Parti Socialiste, Démocratie Chrétienne, Parti pour la Démocratie, Radical Social Démocrate au sein de Concertation, gouvernant de 1990 à 2010, a poursuivi la politique bourgeoise de Pinochet et la privatisation de l’éducation.

Aujourd’hui, les jeunes chiliens, soutenus par les travailleurs et leur centrale syndicale la CUT, reprennent le combat contre le gouvernement Pinera. Leur combat doit s’axer contre l’ensemble de la politique de ce gouvernement, contre le gouvernement lui même pour le vaincre et le chasser. La nécessité de porter un gouvernement ouvrier, soutenu par la CUT et les organisations étudiantes est à l’ordre du jour.

 

Au Mexique : rupture des nouvelles organisations ouvrières avec la bourgeoisie compradore et défense d’un programme d’expropriation des groupes impérialistes

Les 27 et 28 août 2011 s'est tenu le Congrès constitutif de l’OPT (Organisation politique du peuple et des travailleurs). Au point de départ, en octobre 2010, c’est le secrétaire général du SME (Syndicat Mexicain des Électriciens) qui a proposé, devant les plus de 50 000 personnes au Stade Aztèque, la proposition de constituer un rassemblement politique national (APN). Le Congrès de l’OPT s’est tenu dans les installations du SME et a compté 956 délégués accrédités le samedi 27, et plus de 1100 le lendemain lors de la présentation publique de l’OPT. Le SME regroupe quant à lui environ 16 000 travailleurs sur les  40 000 électriciens licenciés en octobre 2009.

L’initiative de construire l’OPT est venue du SME, qui n’est organisé que dans le centre du pays, là où était implantée l’entreprise Luz y Fuerza del Centro, qui a été privatisée par le gouvernement bourgeois Calderon.

L’OPT rassemble différents courants gauchistes comme le PRT, lié à la IVème Internationale pabliste (à laquelle le NPA est rattachée), l’OSRT (Organisation socialiste révolutionnaire des travailleurs) liée au POI ou encore des organisations à caractère maoïstes et quelques organisations syndicales (SME, Syndicat national des travailleurs de l’enseignement). Dès sa constitution, l’OPT s’est située sur le terrain de la libération nationale par rapport à l’impérialisme, notamment américain. Mais peut-il y avoir une alliance objective avec la bourgeoisie compradore mexicaine contre l’impérialisme américain ? Cette bourgeoisie peut-elle satisfaire une politique d’expropriation des trusts impérialistes ? L’OPT se veut anticapitaliste, antilibérale et anti oligarchique mais elle ne défend pas un programme socialiste, pour l’expropriation des capitalistes et la prise du pouvoir par les travailleurs.

En juillet 2012, c’est le candidat du vieux parti nationaliste mexicain, le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel – parti nationaliste bourgeois), Pena Nieto, qui a remporté l’élection présidentielle avec 38 % des voix contre Andres Manuel Lopez Obrador du PRD (Parti de la révolution démocratique – parti social démocrate issu d’une scission du PRI) qui a compté 31 % des voix et contre la candidate gouvernementale Josefina Vazquez Mota, du Parti action nationale (PAN, parti bourgeois conservateur) qui obtint 25 % des voix.

Le PRI a été constitué après guerre sur la base du Parti de la Révolution mexicaine lui-même issu du PNR (Parti National Révolutionnaire) fondé en 1929 à l'initiative du général Plutarco Elías Calles, sur la base de plusieurs organisations nationales, étatiques et locales issues de la révolution de 1910 (dont les communistes de la CGT). Un décret obligea tous les fonctionnaires gouvernementaux à cotiser à ce parti. En 1938, le président Lázaro Cárdenas déclare formellement la création de l'Assemblée Nationale Constitutive du Parti de la Révolution Mexicaine (Partido de la Revolución Mexicana - PRM) qui succèda au PNR. L'intégration au sein du PRM d'organisations de masse a permis des relations étroites avec le peuple. Le plus dynamique des secteurs était le secteur ouvrier intégré par la CTM fondée par Cárdenas, la CROM (Confederación Regional Obrera Mexicana), les communistes de la CGT ainsi que par les syndicats de mineurs-métallurgistes et d'électriciens. La Confédération Nationale Paysanne (Confederación Nacional Campesina - CNC) créée en août 1938 représentait le secteur agricole. Les forces armées ont été elles aussi intégrées au PRM.

Le PRD d’Obrador est issu du PRI depuis les années 90. Il fait office de pseudo parti social-démocrate. Lors de cette élection présidentielle, 40 % des électeurs se sont abstenus. L’OPT a soutenu la candidature d’Obrador au lieu de présenter leur propre candidat.

L’enjeu pour la classe ouvrière mexicaine est de s’organiser dans l’OPT pour imposer un programme de défense des intérêts des travailleurs, rompant avec la bourgeoisie et ses partis (PAN-PRI) et œuvrant à la constitution d’un gouvernement ouvrier, issu de l’OPT. Un tel gouvernement devra rompre avec la bourgeoisie nationale et défendre un programme socialiste dont le premier acte serait l’expropriation de tous les trusts impérialistes.

 

Brésil : Front unique pour imposer au gouvernement dirigé par le PT un programme d’expropriation des trusts capitalistes

 

2012 : premier congrès national de la nouvelle Centrale syndicale

Le 1er Congrès national de la Centrale syndicale et populaire – CSP – Conlutas s’est réuni les 27, 28, 29 et 30 avril 2012 à Sumaré (État de São Paulo). Le caractère et les objectifs de ce Congrès sont énumérés dans le préambule du règlement de fonctionnement : « L’apparition de la CSP-Conlutas dans le paysage brésilien incarne une nouvelle expérience d’organisation des travailleurs et des travailleuses. La proposition d’intégrer dans une même organisation de front unique les syndicats et les mouvements populaires urbains et ruraux, ainsi que les mouvements d’étudiants et de lutte contre les oppressions symbolise à la fois la compréhension que nous accumulons et notre volonté d’unir tous les secteurs exploités et opprimés de notre classe en une lutte commune, de classe, contre le capital et ses agents. »

Entre les délégués, les invités et les observateurs, 2280 personnes ont participé aux sessions, dont 1800 déléguées élus directement dans des assemblées de base représentant 114 syndicats (du secteur public pour la plupart); 118 courants d’opposition syndicaux; un mouvement de lutte pour la terre; 11 mouvements populaires urbains; 4 collectifs de lutte contre les oppressions; une organisation étudiante.

 

L’échec de l’unification syndicale de 2010

La CSP – Conlutas est issue d’une tentative avortée d’unification d’organisations syndicales qui se situaient en rupture avec la CUT. Les six centrales syndicales reconnues légalement reçoivent de l’argent de l’État. Toutes ont fait campagne en 2010 pour Dilma Rousseff, candidate présidentielle du PT. La CUT (bras syndical du PT) et Force syndicale (bureaucratie issue du Parti Communiste Brésilien et recyclée au moment de la présidence de Collor de Mello pour freiner le «syndicalisme sauvage de la CUT») sont les centrales qui comptent le plus de membres.

Le Conclat s’est tenu les 5 et 6 juin 2010 dans la ville de Santos, à quelque 200 km de São Paulo. Le Conclat a été convoqué et organisé par Conlutas (Coordination nationale des luttes) ; Intersindical ; MAS (Mouvement progressiste syndical – d’origine stalinienne et animée par le Courant communiste Luis Carlos Prestes, du nom de la figure historique du PC au Brésil) ; MTST (Mouvement des travailleurs sans toit) ; MTL (Mouvement Terre, Travail et Liberté) ; et la Pastorale ouvrière (PO – de la zone métropolitaine de São Paulo).

La participation massive traduisait les attentes créées par le processus: 4000 participants et 3200 délégués ; environ 350 syndicats, fédérations, mouvements et associations qui représentaient, selon les organisateurs, plus de 3 millions de travailleurs.

Durant le congrès, la polarisation se fit de manière évidente entre ceux qui optaient pour la candidature de Ze Maria (Parti socialiste unifié des travailleurs – PSTU) et ceux qui soutenaient la candidature de Plinio de Arruda Sampaio (Parti du Socialisme et de la Liberté – PSOL), comme deux chemins différents pour traduire la lutte et les intérêts des travailleurs entre le parti bourgeois(PSDB) et le parti ouvrier-bourgeois (PT).

Ces divergences ont interrompu le processus d’unification.

Retour sur l’élection présidentielle de 2010

• La candidate du Parti des Travailleurs (PT), Dilma Rousseff a réuni 47’648’171 de votes, soit 46,9%. Le candidat officiel d’une fraction de la bourgeoisie José Serra (PSDB – Parti de la social-démocratie brésilienne) a obtenu : 33'130'316 de votes, soit 32,61%.

Marina Silva, ex-ministre de l’environnement de Lula, sponsorisée par un grand capitaliste vendeur de produits de beauté bio, a obtenu 19'635'951 de votes, soit 19,33%.

•Le PSOL (le Parti du Socialisme et de la Liberté) présentait Plinio Arruda Sampaio pour les élections présidentielles. Il a réuni 886'616 de votes, soit 0,87%.

• Le PSTU (Parti socialiste des travailleurs unifié) présentait la principale figure de Conlutas, un syndicaliste fort respecté qui participa au tout début des années 1980 à la création de la CUT (Centrale Unitaire des Travailleurs, indépendante du régime) à Sao Paulo : Zé Maria. Le fait qu’il soit la figure emblématique de Conlutas suscita, certainement, une «difficulté» suite à l’échec de la fusion syndicale datant de juin 2010. Il n’a réuni que 84'609 votes (0,08%).

• Le PCB (Part communiste brésilien) présentait Ivan Pinheiro. Le PCB collecta 39'136 votes, soit 0,04%. Quant au PCdoB (Parti communiste du Brésil) d’origine maoïste, il apporta son soutien directement à Dilma Rousseff. Le PCdoB a une relation d’alliance subalterne avec le PT de Lula. Le PCO (Parti de la cause ouvrière) – organisation qui a des relations avec l’organisation d'Argentine PO (Parti ouvrier, dont la porte-parole le plus connu est Jorge Altamira) obtint 12'206 votes, soit 0,01%.

• Autrement dit la victoire de la candidate du PT, Dilma Rousseff n’a pas été bousculée par la «gauche radicale». Cette dernière n’a pas pu mettre en difficulté la nouvelle place politique occupée par Dilma Rousseff. L’ensemble de la «gauche radicale» - du moins de ses candidats – n’a pas réussi à apparaître comme une force, même marginale, apte à contester la politique du PT conforme aux intérêts bourgeois (privatisation, remise en cause des droits travailleurs tout en saupoudrant quelques aides aux plus démunis).

• Au deuxième tour des élections présidentielles. le PSTU a appelé à un vote nul et - le PSOL, du moins la majorité de sa direction, a appelé à donner «aucun vote à Serra».

• Le principal mouvement social du Brésil, le MST (Le Mouvement des paysans sans terre) n’a pas adopté une position officielle à propos du second tour ni donné appui à une des deux candidatures. Toutefois, l’immense majorité de sa base a voté pour le PT.

Quelques rappels sur les organisations d’origine ouvrière au Brésil

Le courant trotskyste-moréniste Convergencia Socialista (CS) proposa en 1979, lors du Xe congrès des métallos de São Paulo, la formation d'un « Parti des travailleurs » (PT), les deux principaux dirigeants étant José Maria de Almeida, actuellement dirigeant du PSTU, et Lula Ignacio da Silva. Par la suite, CS a constitué une tendance interne du PT jusqu'en 1992. A cette date, face au refus du PT de faire campagne contre le Président autoritaire Fernando Collor, un secteur de CS est sorti du PT et a constitué le Partido Socialista dos Trabalhadores, devenu en 1994, avec l'incorporation d'autres groupes, le Partido Socialista dos Trabalhadores Unificado (PSTU). Un secteur minoritaire de CS considérait àce moment la rupture avec le PT prématuré et constitua alors Corrente Socialista dos Trabalhadores (CST) dans le PT. La crise des années 90 dans la Ligue Internationale des Travailleurs-Quatrième Internationale (LIT-QI) donna lieu, entre autres, à la naissance d’une autre organisation trotskyste-moréniste, la Unidad Internacional de los Trabajadores (UIT), à laquelle adhère le CST. Celui-ci finit par rompre aussi avec le PT, et en 2004, il est un des promoteurs du Partido Socialismo e Liberdade (PSOL), dont il constitue une tendance interne.

À l'élection présidentielle de 2006, le PSOL présenta la candidature de l'ancienne sénatrice Heloísa Helena, exclue du PT en décembre 2003 après avoir voté contre les consignes du Parti. Également soutenue par le Parti communiste brésilien et le Parti socialiste des travailleurs unifié, elle arriva en troisième position avec 6,85 % des voix.

 

Les nouvelles organisations politiques (PSOL et PSTU) issues plus ou moins de la IVème Internationale sont des fractures du PT suite à l’adaptation totale aux intérêts de la bourgeoisie et de l’impérialisme. Ces fractures sont le reflet déformé de la lutte des classes et du renoncement du PT à défendre un programme ouvrier. Ces organisations sont cependant traversées par des divergences quant à l’attitude à adopter face au PT, qui demeure le parti ouvrier-bourgeois dominant. Ces organisations (PSTU et PSOL) sont influentes au sein des nouvelles organisations syndicales (CSP-Conlutas et Intersindical). Elles ont donc la responsabilité d’offrir une issue politique et programmatique conforme aux intérêts des masses brésiliennes, en premier lieu d’orienter les combats ouvriers pour la constitution d’un véritable gouvernement ouvrier, qui avancerait la perspective d’expropriation des trusts capitalistes et impérialistes.

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