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Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Asie, #lutte des classes

Après la Chine, l’Inde est le pays le plus peuplé au monde avec 1,2 milliards d’habitants. Cette masse représente un réservoir de main d’œuvre gigantesque à bon marché pour les capitalistes. Ils ne se sont d’ailleurs pas privés de l’exploiter à très bas coût depuis des décennies et dans les pires conditions (explosion de Bhopal et ses milliers de morts en 1984).

L’Inde a toujours été l’objet des intérêts impérialistes et s’est notamment vu disputer par la France et la Grande Bretagne. Elle gagne son indépendance en 1947, sous l’impulsion de Mahatma Gandhi et du Parti du Congrès aux cris de « Quit India » et devient une république fédérale. Mais cette indépendance vis à vis de l’Empire Britannique se fait au prix d’une partition de ce dernier entre Inde et Pakistan sur une base religieuse. La France conserve encore des comptoirs commerciaux (Pondichéry jusqu’en 1962).

Cet état fédéraliste qui compte 28 états et sept territoires, est une démocratie parlementaire inspirée du modèle britannique. Sa constitution proclame le caractère socialiste et laïc de l’Etat et ses différents grands partis sont laïques.

 

Il existe dans la région de fortes positions indépendantistes et séparatistes de l’Inde (Sri Lanka – indépendant depuis 1947, région du Cachemire …) qui entraînent régulièrement des tensions. Afin de contrôler ses mouvements et les revendications ouvrières, le Parti du Congrès qui n’avait pas de majorité absolue à la chambre basse, avait fait alliance jusqu’en 2004 avec le Parti Communiste Indien – Marxiste (PCI-M). Le PCI-M avait accepté cette alliance nationale afin de jouer son rôle contre révolutionnaire, pour faire barrage aux revendications ouvrières.

 

En Inde, au fil du conflit sino-soviétique, le Parti communiste des origines a principalement donné naissance à trois composantes : le Parti communiste indien « maintenu » (PCI) qui reste pro-Moscou ; le PC « marxiste » (PCI-M) qui adopte un profil international « ni-Moscou, ni-Pékin » ; les PCI « marxistes-léninistes » (PCI-ML), pro-chinois, qui finiront par se fragmenter en un éventail d’organisations concurrentes. Si les maoïstes représentent la référence dominante dans l’extrême gauche militante (aujourd’hui encore pour une part armée), le PCI et le PCI-M (surtout) ont gardé une importante représentation parlementaire.

Mais lors des dernières élections législatives de 2009 pour élire les représentants à la chambre basse (échelon fédéral), la donne a considérablement changé.

Le parti bourgeois BJP (Bharatiya Janata Party) a perdu ces dernières élections avec l’Alliance Nationale et Démocratique dont il était partie intégrante. Mais les grands perdants de ces élections sont les partis communistes (le PCI-M et le PCI). Le nombre de députés fédéraux du PCI-M est tombé de 43 à 16 et celui du PCI de 10 à 4. Ils ont constitué un groupe parlementaire avec, notamment, des partis régionaux, comprenant initialement 67 députés, mais c’est un bloc politiquement très fragile, hétéroclite. Le soutien pendant des années du PCI-M (soit par sa participation directe à la majorité parlementaire, soit de l’extérieur comme de 2004 à 2009) au Parti du Congrès (parti bourgeois nationaliste, de centre droit), et la politique qu’il a menée ouvertement contre les masses paysannes et ouvrières dans les régions dans une pure tradition contre révolutionnaire d’inspiration stalinienne, a conduit inexorablement le PCI-M à la déchéance. La défaite des PCI/PCI-M n’est probablement pas seulement conjoncturelle mais reflète des évolutions profondes. Dans un pays-continent comme l’Inde, il faut se garder de généralisations hâtives. Mais le PCI-M est touché en son cœur, le Bengale occidental, principal bastion où il perd une grande part de son influence.

L’alliance dirigée par le Parti du Congrès a désormais seule la majorité et ordonne une politique contre les masses populaires à l’image des dernières mesures qui vont frapper les plus pauvres et ouvrir encore plus l'économie indienne au capital étranger :

-          Une augmentation de 14% des prix de l'essence subventionnée

-          Un plafonnement des volumes de gaz subventionnés au strict minimum, le reste devant être acheté au prix du marché

-          Une cession massive au capital privé de parts dans des entreprises publiques très rentables comme NALCO (aluminium) et Oil India (pétrole) 

-          l'ouverture de l'immense marché du commerce de détail au grand capital étranger

 

Toutefois, cette politique suscite la mobilisation des travailleurs principalement organisés, sur le plan syndical, dans deux centrales syndicales, notamment le Congrès syndical indien (AITUC) et la Centrale des syndicats indiens (CITU), les deux principaux syndicats liés historiquement aux deux partis communistes indiens.

Mais ces mobilisations sont impuissantées par la ligne politique menée par ces deux centrales. La journée de grève générale du 20 septembre 2012 en est une parfaite illustration. Si près de 50 millions de personnes ont répondu à l’appel, le mouvement est parti de la colère des 25 millions de petits commerçants opposés à l'ouverture du marché indien aux géants mondiaux de la distribution, tels l'américain Wal-Mart, mais aussi les français Auchan et Carrefour. La grève lancée d'abord par la Confédération syndicale des commerçants indiens (CAIT) a ensuite été relayée par les deux centrales ouvrières, (l’AITUC et la CITU). Le dirigeant du PCI-M, Prakash Karat, est clair : « Nous ne voulons pas de Wal-Mart en Inde. Nous ne soutiendrons pas l'ouverture de la moindre enseigne Wal-Mart en Inde ».

Ces centrales syndicales sont clairement identifiées par nombre de travailleurs pour ce qu’elles sont : des couteaux sans lames, pires encore, des instruments à la solde du pouvoir.

Ente les syndicats « maisons », liés directement au patron, et les centrales dirigées par les communistes, certains travailleurs indiens se posent ouvertement la question de la constitution d’autres syndicats. Ainsi, la lutte menée en 2011 par les travailleurs de l’usine Marutti-Suzuki, premier constructeur automobile indien portait principalement sur la possibilité de construire un nouveau syndicat, indépendant du patronat et de l’AITUC. Ce mouvement s’inscrit dans le cadre de la création en 2002 d’une nouvelle centrale syndicale, la New Trade Union Initiative (NTUI). En ce sens par exemple, de puissants combats ont été menés à l’image de ces femmes qui ont constitué en 2006 un syndicat des travailleurs de l’industrie du textile et de la confection, le GATWU.

S’affranchir des vielles organisations politiques et syndicales d’origine ouvrière,  construire un nouveau parti ouvrier et une centrale syndicale ouvrière indienne sont une nécessité pour les travailleurs indiens afin d’engager un combat central, contre la bourgeoisie, contre le Parti du Congrès, pour la prise du pouvoir pour la satisfaction des revendications ouvrières.

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