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Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Maghreb, #lutte des classes

Maghreb : A bas les États dictatoriaux, expropriation des trusts impérialistes ! La classe ouvrière doit prendre le pouvoir !

En France, la responsabilité du mouvement ouvrier qui prétend être aux côtés des masses révolutionnaires est de combattre l’impérialisme, français, le gouvernement de Sarkozy, complices des régimes dictatoriaux et défenseurs des intérêts impérialistes ! Front unique pour le chasser du pouvoir sans attendre 2012 !

 

L’accentuation de la crise économique déchaine les luttes révolutionnaires

 

La crise financière qui a éclaté en 2008, expression du capitalisme en crise, et ses conséquences (hausse du chômage, vie chère, …) déchainent la lutte des classes. Après de nombreux combats en Europe contre les plans d’austérité, ce sont les masses des pays du Maghreb, emmenées par le combat du peuple tunisien contre leur dictateur, qui combattent pour que les dictateurs (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, Saleh et tant d’autres) et leurs partis « dégagent » du pouvoir. Ces mouvements révolutionnaires marquent indéniablement un tournant dans la situation mondiale, une accélération de la lutte des classes, y compris en terme d’organisations ouvrières indépendantes. Ces combats  donnent une formidable impulsion aux masses à l’échelle internationale.

Ces mouvements étaient en germe en Tunisie, comme en Égypte, depuis les formidables mobilisations ouvrières de 2008 dans les mines de Gafsa (5 000 mineurs) et en 2006, 2007 et 2008 dans la grande usine textile de Mahalla (27 000 ouvriers), contre la corruption à l’embauche, contre la vie chère et pour des augmentations de salaires. Ces mobilisations ouvrières ont été soutenues par la population locale. Mais elles ont été fortement réprimées. Les pouvoirs dictatoriaux étaient pointés du doigt lors de ces combats alors que les quelques promesses concédées par le pouvoir n’ont pas été tenues.

 

 Des mouvements révolutionnaires qui chassent les dictateurs

 

Partout, la jeunesse est la flamme de ces mobilisations. Elle subit en effet de plein fouet la crise du capitalisme, en la condamnant au chômage (14 % en moyenne en Tunisie, plus du double dans certaines régions) et à la débrouille.

Les manifestations de protestation contre la dégradation de leurs conditions d’existence ont été réprimées par les forces de répression de l’État. Internet et Facebook ont fait le reste : des appels à manifester ont rassemblé de larges couches de la société, qui se sont engagées dans ce mouvement à caractère révolutionnaire. Rapidement, en Tunisie, la contestation populaire s’est centrée contre Ben Ali et sa famille, contre le RCD au pouvoir, suppôts des trusts étrangers.

En fidèles soldats de l’impérialisme, ils étaient grassement rémunérés. C’est ce qu’on appelle une bourgeoisie compradore, c’est-à-dire une bourgeoisie de pays dominés tirant sa fortune des capitaux étrangers et dépendant d’eux. Fin décembre-début janvier, des révoltes de jeunes tunisiens ont eu lieu, s’affrontant à la police et au pouvoir.  Puis les mobilisations ont gagné toutes les couches de la population, ouvriers, paysans, avocats, médecins, journalistes, … qui ont exigé et scandé le départ de Ben Ali, le dictateur-pilleur et sa bande. Alors que l’impérialisme américain a contacté secrètement l’armée tunisienne, Ben Ali quitte le pouvoir et la Tunisie le 14 janvier. Mais il est remplacé par un président par intérim Foued Mebazaa, président du Parlement et par son Premier ministre Ghannouchi qui forme un nouveau gouvernement réunissant d’anciens membres du RCD (six ministres) et des représentants de l’opposition légale (PDP, FDTL organisation liée au parti socialiste français et Ettajdid, ancien parti communiste) ainsi que des membres de l’UGTT. Les premières libérations des prisonniers politiques interviennent. Mais les masses ne veulent pas de ce gouvernement et les manifestations spontanées reprennent. Les ministres non membres du RCD sont contraints rapidement de démissionner. Les masses veulent chasser Ghannouchi du pouvoir. Le 22 février, les travailleurs et les paysans venus de Sidi Bouzid et du Centre-Est marchent sur la capitale pour chasser tous les caciques du RCD du pouvoir. Ils revendiquent l’amélioration de leurs conditions d’existence. L’Armée s’interpose alors pour tenter de les faire refluer.

L’UGGT est un enjeu de ce combat. La centrale syndicale représente la continuité avec le pouvoir de Ben Ali (en tant qu’ancien syndicat officiel de l’État) et en même temps, ne disposant pas d’organisations syndicales indépendantes, les masses tunisiennes s’en saisissent. C’est ce qui a contraint l’UGTT à appeler à plusieurs reprises à des grèves générales pour chasser du pouvoir Ben Ali puis Ghannouchi. Les manifestations du 27 février ont poussé Ghannouchi à la démission. Il est remplacé par Caïd Essebsi, 84 ans, ancien ministre de Bourguiba, président post-décolonisation qui a bradé les entreprises nationales aux trusts impérialistes. Le 7 mars la sûreté de l’État et la police politique ont été dissouts, de même que le RCD le 9 mars. Le nouveau gouvernement est chargé de préparer les élections d’une Assemblée nationale constituante, programmées pour le 24 juillet, pour répondre à la revendication du Comité pour le Congrès pour la sauvegarde de la révolution. Ce gouvernement dispose en effet du soutien des principaux partis existants, regroupés au sein de ce Comité, PCOT et Ettajdid compris (formant à tous 2 l’ex-Parti communiste), ainsi que l’UGTT. En soutenant et reconnaissant ce gouvernement et en renvoyant aux élections à une Assemblée constituante en juillet, ces partis organisent de fait  le reflux de la mobilisation. Pour autant, les revendications économiques et sociales  n’ont pas été satisfaites …

 

En Égypte, la mobilisation s’est développée à la suite de la révolution tunisienne, à partir du 25 janvier. Des centaines de milliers de manifestants se sont regroupés place Tahrir, exigeant le départ de Moubarak. Le développement de grèves de travailleurs dans tous les secteurs (électricité, télécommunications, transports, pharmacie, textile, université, sidérurgie, aciérie, secteur pétrolier, canal Suez, journalistes, Galeries Lafayette, soierie, filatures, postiers, nettoyage, hôpitaux, fonctionnaires statistiques, aéroports, arsenaux, paysans) début février a précipité le départ du dictateur le 10 février 2011. L’Armée reprend le contrôle de la situation et appelle les travailleurs a cessé les grèves. Pour tenter de faire refluer la mobilisation ouvrière, le Conseil suprême des forces armée a promis de mettre en place, d’ici six mois, un salaire minimum de 1200 livres pour tous les travailleurs d’Égypte et d’améliorer l’assurance santé, les transports publics notamment. Mais dans le même temps, les prisonniers politiques ne sont pas libérés et les manifestations sont interdites. Le Parti National Démocratique de Moubarak n’est toujours pas dissout. Des élections législatives et présidentielles ont été annoncées d’ici six mois. A noter que les Frères musulmans, qualifiés de principal parti d’opposition n’ont pas du tout été à la pointe du mouvement.

 

A la suite de l’Égypte, les masses engagent le combat en Syrie, au Bahreïn, au Yémen et en Libye. Mais elles doivent faire face à une extrême répression. De même les masses palestiniennes tentent de reprendre le combat contre l’État colonial d’Israël.

En Algérie, de nombreuses grèves et mouvements se développent, notamment dans l’Éducation, chez les étudiants, les chômeurs, dans le domaine hospitalier, à la Sonatrach et dans certaines entreprises publiques de la zone industrielle de Rouiba. Des syndicats autonomes se sont constitués depuis la révolution avortée de 1988 et se sont développés depuis une dizaine d’années au point de supplanter aujourd’hui l’UGTA officielle. L’opposition rassemblée au sein de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) n’offre pas de perspective politique à ces mobilisations, ne veut pas chasser Bouteflika du pouvoir. Mais la question du contrôle de la rente pétrolière par la classe ouvrière est posée et donc la nécessité pour cela de chasser Bouteflika et les généraux du pouvoir.

Au Maroc, malgré les annonces du roi de réformes politiques et quelques concessions économiques par peur d’un embrasement révolutionnaire, la mobilisation n’est pas éteinte.

 

Reste à satisfaire les revendications économiques et sociales

 

Les révolutions tunisienne et égyptienne sont l’œuvre de plusieurs couches de la société, y compris de la petite bourgeoisie, des professions libérales (avocats, médecins, juges, journalistes, …), victimes de la répression des régimes dictatoriaux. Si ce sont les masses populaires, la classe ouvrière et la jeunesse qui ont été le moteur de la révolution, pour l’heure, ce sont ces couches petite-bourgeoises qui dirigent politiquement le mouvement et défendent la continuité de l’État bourgeois. Le pouvoir économique n’a pas changé de main ; l’État, même s’il s’est fissuré, n’a pas changé de nature. Les intérêts des impérialismes, des trusts capitalistes, la propriété privée des moyens de production, de transports n’a pas changé de main. Et ce n’est pas la petite-bourgeoise qui  posera cette question. Seul le prolétariat organisé peut la poser et en dernier ressort la résoudre.

A ce jour, les revendications formulées portent essentiellement sur la dissolution des anciennes institutions : plus aucun représentant des anciens gouvernements, dissolution des parlements croupions, dissolution de la police politique, libération des prisonniers, jugement des responsables, liberté d’organisation, de la presse, de manifestation, l’abrogation des lois sur l’état d’urgence. A ces revendications fondamentales pour les libertés démocratiques s’ajoutent des revendications économiques et sociales présentes dans quelques plateformes.

Dans celle du Front du 14 janvier en Tunisie on peut lire :

-         « la création d’emplois pour les chômeurs et des mesures urgentes pour accorder une indemnisation de chômage, une plus grande couverture sociale et l’amélioration du pouvoir d’achat pour les salariés ;

-         la construction d’une économie nationale au service du peuple où les secteurs vitaux et stratégiques sont sous la supervision de l’État et la re-nationalisation des institutions qui ont été privatisées et la formulation d’une politique économique et sociale qui rompt avec l’approche libérale capitaliste ».

Ce Front s’est transformé le 11 février 2011 en Comité pour le Congrès pour la sauvegarde de la révolution regroupant 28 organisations très diverses, d’origine ouvrières ou petite-bourgeoises voire bourgeoises.. Ce Comité se borne à l’exigence de revendications démocratiques :

-         « 1 - Que le conseil ait un pouvoir décisionnel et ce en veillant à la préparation des législations relatives à la période de transition et à leur approbation (annulation des lois contraires aux libertés, etc ...) ;

-         2 – La surveillance des actions du gouvernement provisoire qui se charge des affaires courantes et la soumission de la nomination des responsables aux hautes fonctions, à l’approbation du conseil ;

-         3 – La révision des commissions qui ont été formées en ce qui concerne leurs compétences et leur composition de sorte à ce qu’elles soient le résultat d’un consensus et à condition qu’elles soumettent automatiquement tous les projets qu’elles proposent à l’approbation du Conseil ;

-         4 – Prendre les initiatives que nécessite la situation transitoire dans tous les domaines et en premier lieu, la Justice et l’Information ;

-         5 – Le Conseil se compose des représentants des partis politiques, associations, organisations et conseils soussignés, ainsi que des représentants de toutes les régions à condition que cela se fasse par consensus ;

-         6 –La création du Conseil est approuvée par un décret émis par le Président provisoire. »

 

En Égypte, il existe une Union des forces de gauche égyptiennes qui s’est créée le 7 février 2011. Outre les exigences démocratiques, ces organisations sont également axées sur la formation d’une Assemblée constituante. Sur le plan économique, leur plateforme se limite à :

-         «  Prendre des mesures immédiates pour alléger les souffrances du peuple. Cela implique la mise en place de salaires minimaux et maximaux ainsi que des indemnités chômage; accorder des subventions aux pauvres et fournir aussi les produits de base à des prix appropriés. De plus, un plan de réel développement doit être élaboré: il sera basé sur l’amélioration des secteurs agricoles et industriels, une juste distribution du produit du développement et un système d’imposition progressif. »

 

Construction de nouvelles organisations ouvrières

 

Mais en Égypte, les travailleurs ont constitué une Fédération syndicale égyptienne indépendante, contre la “gouvernementale” Fédération générale des syndicats. Cette nouvelle fédération est née du regroupement du syndicat des employés des impôts fonciers, du syndicat des techniciens de la santé, de celui des employés, de l’association indépendante des enseignants, ainsi que de plusieurs groupes indépendants d’ouvriers de l’industrie, représentants de différentes entreprises. Voici leur plateforme revendicative :

-         1 . Le droit au travail pour le peuple égyptien – qui est droit fondamental que l'État doit garantir et qui faute d’être respecté, doit ouvrir sur le droit à des prestations pour tous les chômeurs.

-         2 .  Un salaire minimum de 1200 livres égyptiennes [150 euros], avec des hausses de salaires indexées annuellement sur la hausse des prix, tout en accordant le droit pour tous les travailleurs à des primes et des indemnités appropriées à la nature des emplois et en particulier le droit à des compensations adéquates pour les dommages qui peuvent survenir en raison de l'environnement du travail et des risques.

-         Le salaire maximum ne doit pas dépasser dix fois le salaire minimum.

-         3 .  Tous les Égyptiens ont le droit à une protection sociale juste, y compris les droits à la santé, au logement et à l'éducation, « la garantie d’une éducation gratuite avec des programmes développés en fonction de l’évolution scientifique et technologique» et le droit des retraités à une pension décente avec la prise en compte de tous les bonus et primes.

-         4 .  Le droit pour tous les travailleurs, les employés et les salariés de s'associer dans des syndicats indépendants où ils décident eux-mêmes de leurs règles et qui soient l’expression de leur volonté et la suppression de toutes les restrictions légales à l'exercice de ce droit.

-         5 .  La libération de toutes les personnes détenues depuis le 25 janvier.

Le Comité Constituant de la Fédération des Syndicats Indépendants d’Égypte appelle tous les travailleurs égyptiens à former des comités populaires dans les installations de proximité et les sites pour défendre les infrastructures, les travailleurs et les citoyens dans cette situation critique. Ces comités organiseront aussi la protestation et les grèves dans les lieux de travail. »

 

La constitution de cette fédération syndicale indépendante a été saluée par nombre de syndicats étrangers, en Europe, en particulier en France.

La meilleur aide que le mouvement ouvrier français puisse leur apporter est d’engager le combat contre notre propre impérialisme, contre le gouvernement Sarkozy, complice des dictateurs déchus (Ben Ali, Moubarak et Kadhafi). De plus, ces pays sont étranglés par les dettes publiques. Ainsi, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Mustapha Nabli (ex-haut fonctionnaire de la Banque mondiale et ex-ministre des finances de Ben Ali), a déclaré son intention d’affecter 577 millions d’euros du budget de l’État au remboursement de la dette publique extérieure pour l’année 2011 ! Les organisations ouvrières en France doivent exiger  l’annulation des dettes des pays insurgés. Enfin, elles doivent clairement prendre position contre la main mise par les entreprises françaises sur l’économie tunisienne, contre l’exploitation de la main d’œuvre. Ainsi, le PDG de Lafuma expliquait avant la révolution le choix de son groupe de s’implanter en Tunisie : « Nous n'avons pas de grève. Tout se passe bien » ou celui de Benetton, « La proximité géographique de l'Europe, les faibles coûts de la main-d'œuvre, la stabilité politique du pays et les nombreux avantages fiscaux ont joué un rôle décisif dans le choix de développement de la filiale tunisienne. »

 

Nous sommes pour que les masses tunisiennes, égyptiennes, libyennes, exproprient, sans indemnité ni rachat, toutes les entreprises de leurs pays, nationales ou étrangères. Ce sont les travailleurs de ces pays qui doivent être maîtres de la production pour satisfaire en premier lieu leurs besoins.

Pour la construction de partis ouvriers, de partis ouvriers révolutionnaires, pour les États-Unis socialistes du Maghreb

Ces révolutions apparaissent pour l’instant comme des révolutions bourgeoises démocratiques, c’est-à-dire dirigées par la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie combattant pour les libertés démocratiques. Celles-ci sont indispensables aux travailleurs pour s’organiser, pour manifester et pour constituer leurs propres organisations. Lors de ces puissantes mobilisations qui ont chassé les dictateurs, les masses populaires, les travailleurs, les paysans et les jeunes ont joué un rôle crucial en terme de nombre, de force. Pour autant, ce ne sont ni la classe ouvrière tunisienne ni celle d’Égypte qui ont dirigées ces révolutions. Mais déjà ces classes ouvrières posent la question de la satisfaction de leurs revendications, notamment contre le chômage et la vie chère. Les gouvernements provisoires actuels, les « technocrates » tunisiens et les militaires égyptiens ne pourront pas satisfaire ces revendications. En Tunisie, le gouvernement continue une politique très favorable au patronat et contraire aux intérêts des  travailleurs.

Au delà des revendications économiques formulées aujourd’hui, il faut que les masses établissent un  programme ouvrier, comprenant entre autre :

-         l’annulation de la dette,

-         l’expropriation des trusts et entreprises étrangères, impérialistes, 

-         l’interdiction du chômage, et la mise en place de l’échelle mobile des heures de travail c’est-à-dire la répartition du travail en fonction de la population active, 

-         l’échelle mobile des salaires, indexés sur l’inflation,

-         le contrôle des prix, des banques, du crédit, du commerce, des ressources et des terres agricoles,

-         la mise en place d’une protection sociale …

Pour cela la classe ouvrière doit se regrouper au sein de syndicats indépendants de l’État et de la bourgeoisie et constituer des partis ouvriers. En même temps, la construction de partis ouvriers révolutionnaires doit être posée pour permettre à la classe ouvrière mobilisée au sein de conseils ouvriers, d’usines, de quartiers, d’universités … de prendre le pouvoir pour l’établissement, non pas d’une nouvelle constituante, mais d’un État ouvrier, d’un État socialiste.

Mais le socialisme dans un seul pays n’est pas viable, c’est pourquoi, ces États ouvriers auraient à se regrouper au sein d’une fédération d’États socialistes, d’États-Unis socialistes à l’échelle du Maghreb.

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