Contre les guerres impérialistes d’hier et d’aujourd’hui

Le journal « Le Monde » a publié le 31 décembre 2015 la protestation d’un ancien combattant d’Algérie contre l’esprit guerrier du gouvernement.

Moi-même – D. M., 80 ans – j’ai été enrôlé dans ce conflit qui n’a porté le nom de guerre qu’en 1999. Or, ce sont 1,7 million de jeunes soldats français qui y ont participé de gré ou de force, 25 000 soldats ont été tués (dont 13 000 appelés), 3 000 civils « européens » et sans doute 300 000 morts algériens qui ont payé cher leur indépendance !

Nous avons donc connu « ces opérations de maintien de l’ordre », la chasse « aux terroristes », les bombardements, le largage de napalm, les déplacements de population dans le cadre de la « pacification ». Toute fraternisation avec les « fellaghas » était punie de mort, comme en 1917.

« L’état d’urgence » décrété en 1955 restreignait déjà les libertés individuelles et collectives, les autorités civiles ayant des pouvoirs exceptionnels dont la justice fut dessaisie. Et pour quel résultat ? Près de 8 ans de guerre pour la défense de l’impérialisme français en déclin, qui s’accrochait à ses colonies pour maintenir son rang de « grande puissance ». Les expéditions de ratissage, les ratonnades et la torture ne sont pas venues à bout de la volonté d’un peuple d’accéder à l’indépendance. Et nous, jeunes appelés, nous avons sacrifié au moins deux ans de notre vie pour une cause qui n’était pas la nôtre !

Aujourd’hui, après plus de 35 ans d’interventions impérialistes de l’Afghanistan à l’Irak et à la Libye, c’est le chaos total au Moyen Orient : les armes américaines, françaises ou autres tombées aux mains de bandes fanatiques et sanguinaires se retournent contre ceux qui ont semé la tempête dans une région où les morts se comptent par centaines de milliers. Ce sont aussi des centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants qui sont jetées sur les routes de l’exode.

Ancien combattant en Algérie, je ne peux soutenir une expédition militaire qui n’aura pas d’autre résultat qu’un embrasement général dont les peuples du Moyen Orient comme ceux d’Europe sont et seront les principales victimes. NON à la guerre, NON à l’état d’urgence, retrait des troupes impérialistes !

C’est cet appel que je souhaiterais que les associations d’anciens combattants/appelés reprennent aujourd’hui !