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Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Afrique

Actuellement, tous nos penseurs se demandent comment l'élection d'Obama n'a pas, comme par miracle, supprimé les problèmes raciaux aux États Unis. La lecture du livre de Russel Banks, AMERICAN DARLING, offre une clé fort intéressante.


AMERICAN DARLING prend possession de pans déjà oubliés de l'histoire américaine, la fin du XIX siècle et la fin des années 60 et s'achève un 11/09/2001. Des années des grondements libertaires au chaos international.

A la veille de la soixantaine, Hannah Musgrave, la narratrice, se retourne sur son passé. Blanche, issue d'un milieu bourgeois très privilégié, elle s'engage dans le « Weather Underground», un groupuscule d'étudiants qui décide de rompre avec la stratégie de la non violence. «Bring the war home» devient la signature d'une série d'attentats visant les bâtiments des institutions américaines.

Elle pense jouer à la révolution, ne fait pas grand chose, vit dans la clandestinité, et, se croyant en danger, fuit au Libéria. Là, elle change d'identité, sauve les chimpanzés, se marie avec un Noir, bureaucrate aux ambitions politiques dont elle a 3 garçons. Quand la guerre civile éclate, elle retourne aux USA où personne ne l'attend, pas même la police.

Déjà, dans ses précédents ouvrages (Profondeur des nuages, Survivants), Russel Banks dénonçait la haine des Blancs contre les Noirs. Dans ce livre, il révèle au lecteur les liens pervers qui unissent les États Unis et le Liberia où, volontairement, il fait échouer sa narratrice : « la question raciale, depuis toujours, est la colonne vertébrale de l'histoire des États Unis. Le Liberia est une invention démente, une alliance qui n'aurait jamais dû exister entre Américains du Nord et du Sud. Leur but : débarrasser le sol américain de la population noire. Entre 1820 et 1870, 70.000 Afro Américains, fils d'esclaves de 5ème ou 6ème génération, ont été envoyés dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest. Avec, bien sûr, un programme de civilisation chrétienne à faire advenir. Mais les rapports dominants/dominés ont vite été reproduits. Le Libéria est même devenu un État esclavagiste ».

Le Liberia, petit pays coincé entre la Sierra Leone, la Guinée et la Cote d'Ivoire ; sur la côte atlantique de l'Afrique, entretient des relations privilégiées avec les États-Unis depuis sa « création » au XIXème siècle ou, pour mieux dire, sa colonisation par des Noirs américains, surnommés les « Amerikos », des esclaves affranchis ou fugitifs qui s'étaient d'abord installés dans les États-Unis du Nord, suscitant une profonde inquiétude dans la population blanche. Le gouvernement des États-Unis, avec la complicité des abolitionnistes bien pensants, avait alors opté pour le « retour aux sources »et financé leur installation sur ce petit bout de terre. C'était la solution idéale ; les Amerikos, trop heureux de reprendre le rôle de propriétaires terriens ou de contremaîtres, cultivaient le riz ou exploitaient les plantations d'hévéas, tout en apportant à leurs frères de la brousse les bienfaits de la civilisation et les lumières de la vraie foi (épiscopalienne ou baptiste dans le cas présent) et en renvoyant à leurs bailleurs de fonds d'outre Atlantique des dividendes sonnants et trébuchants. Bref, le rêve....Après quoi, l'histoire du Liberia se confond avec celle de ses voisins, à la fois exploités et maintenus dans une forme de dépendance par les puissances occidentales, pour, finalement, sombrer dans la guerre civile dans les années 1980.

Eh oui, la couleur de la peau ne fait rien à l'affaire : la lutte se mène et s'est toujours menée entre classes sociales, riches et pauvres. Obama est issu de la riche bourgeoisie ; peu importe qu'il soit noir ou blanc

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