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Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #lutte des classes

En 1997, le Comité pour la Construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire et de l’Internationale Ouvrière Révolutionnaire adoptait un texte de référence « Une Nouvelle Perspective ». Le Groupe Révoltes est issu de ce Comité et fait sien ce texte.

Nous proposons aujourd’hui à nos lecteurs de revenir sur les enseignements de ce document et de mettre en évidence l’actualité de ce texte ainsi que les points qu’il convient de préciser.

Une « nouvelle Perspective » décrit la nouvelle situation dans laquelle les révolutionnaires doivent combattre pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire.

Années 90, la réintroduction du capitalisme en URSS porte un coup au prolétariat mondial

Durant des dizaines d’années, la bureaucratie stalinienne restaurationniste a mené une politique contre-révolutionnaire empêchant le déferlement de la révolution prolétarienne mondiale. Cette politique mena à la restauration du capitalisme dans les pays du bloc de l’Est alors même que les prolétariats de ces pays tentèrent de combattre la bureaucratie totalitaire stalinienne (Berlin Est en 53, Prague en 56, en 68, en Pologne dans les années 80 jusqu’aux mobilisations de 1989, en particulier en Allemagne de l’Est puis en Russie).

Après la guerre, la possibilité d’une révolution politique à l’Est, sur l’axe de chasser la bureaucratie du pouvoir, conjointement à une révolution sociale expropriant le capital à l’Ouest, était à l’ordre du jour. Ce devait être la tâche des organisations se réclamant de la IVème Internationale d’avancer cette perspective conjointe. Or, la branche pabliste du Secrétariat unifié, dont est issue la LCR en France, n’engagea pas le combat à mort contre la bureaucrate stalinienne mais opta pour lui coller à la peau sur son flanc gauche, donnant ainsi aux masses l’illusion que cette bureaucratie pouvait devenir une caste progressiste, alors même que celle-ci prodiguait les plus durs châtiments à ceux qui osaient lui contester son pouvoir bureaucratique. Quant à l’OCI devenue PCI en 1980, elle se bureaucratisa rapidement en prenant des positions bureaucratiques dans les organisations syndicales. C’est ce qui l’amena à ne pas présenter de candidat au 1er tour de l’élection présidentielle de 1981, s’aplatissant littéralement devant la direction du Parti socialiste qui la vampirisa quelque temps plus tard, en siphonnant la branche étudiante.

La dégénérescence de la IIIème Internationale et la destruction de la IVème Internationale ont permis au capitalisme d’être réintroduit dans les pays de l’Est et de se développer de manière gigantesque en Chine. Après la crise de 1987, ce fut une aubaine inespérée pour le capitalisme pour continuer son fonctionnement et repousser les échéances d’une crise dislocatrice. En Chine notamment, le capital mondial a pu faire suer de la plus-value sans vergogne.

La réintroduction du capitalisme en URSS marqua un coup au prolétariat mondial : en effet, la perspective de construire un État ouvrier sur la base de la révolution bolchévique n’était plus considérée comme possible ni même souhaitable, étant donné le degré de bureaucratisation de ces États ouvriers. Pour autant il n’est demeure pas moins que c’est bien la lutte entre les classes qui reste le moteur de l’histoire des sociétés.

La lutte des classes demeure le moteur de l’histoire

L'effondrement de l'ex-URSS a provoqué des ravages dans la conscience de la classe ouvrière mondiale. Les partis sociaux-démocrates et ex-staliniens (avec l'appui des groupes gauchistes dégénérés), s'appuyant sur cette situation, ont organisé rapidement après les années 90, le désarmement politique et théorique de la classe ouvrière, cherchant à ce que la désorientation actuelle de la classe ouvrière, de la jeunesse, soit la plus totale possible.

Le prolétariat n'avait plus l'activité révolutionnaire qu'il eut au cours des années 1970 et 80, l'impérialisme a repris l'initiative. Mais pour autant nulle part le prolétariat n’est écrasé.

 

Nulle part le prolétariat n'est écrasé

Quels que soient les coups qu'il a subis, nulle part le prolétariat n'a été écrasé. Dans les pays de l'ex-URSS et de la partie Est de l'Europe, le prolétariat a acquis des droits, la possibilité de s'organiser. La réunification du prolétariat allemand, celle du prolétariat européen, sont des acquis pour eux, même si jusqu'à présent ils n'ont pas été en mesure de les utiliser vraiment.

Dans cette nouvelle situation, l'extrême degré de putréfaction atteint par le capitalisme, la société bourgeoise, la situation de crise récurrente qui est la sienne (avec des oscillations), le risque d'une crise disloquante, contraignent les différentes bourgeoisies à mener des attaques frontales contre leur prolétariat. Nécessairement, aussi handicapés politiquement qu'ils soient, ces prolétariats s'efforceront d'engager de puissants combats qui poseront y compris la question du pouvoir et dans des conditions nouvelles, la question de la construction de Partis Ouvriers Révolutionnaires et d'une Internationale Ouvrière Révolutionnaire. Mais la question du programme, celle des rythmes et des délais, pour la construction d'une telle organisation seront déterminantes.

Derrière le krach financier de 2007, l’expression de la crise du capitalisme

Si le capitalisme a bénéficié d’une parenthèse historique avec la réintroduction du capitalisme à l’Est et son développement en Chine durant une bonne dizaine d’années, la crise de 2007 a marqué un coup d’arrêt mondial à une croissance inégale assise sur un endettement sans limite. Après la faillite de quelques banques et compagnies d’assurance dont certaines ont été sauvées par les États et leurs institutions financières, ce sont les États qui sont menacés de faillite. Mais au point de départ de la crise financière il y a une crise de surproduction classique du capitalisme qui pêche pour avoir trop développé les forces productives. La crise exige dorénavant la restructuration du capital, la destruction de la force de travail et sa dévalorisation. C’est bien ce qui est à l’ordre du jour dans les pays où la classe ouvrière a arraché, par ses combats, des acquis qui limitent son exploitation.

Les plans de rigueur développés en Europe amènent de puissantes mobilisations ouvrières mais elles restent cadrées par les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier qui détournent la classe ouvrière de l’essentiel : la prise du pouvoir par le prolétariat pour une expropriation du capital et l’organisation de la production en fonction des besoins des masses. C’est en ce sens que la réintroduction du capitalisme en URSS représente un coup pour le prolétariat dont les mobilisations, si puissantes soient elles, ne s’ordonnent plus sur la perspective de la prise du pouvoir mais se cantonnent à des mobilisations en défense des acquis.

Dans les pays dominés, les prolétariats ont engagé et engagent des combats contre les régimes autoritaires en place qui sont à la solde des impérialismes, comme au Maghreb.

Dans certaines régions ou pays, comme en Afrique du Sud ou en Amérique latine, les prolétariats conservent quelques acquis en terme d’organisations et de traditions ouvrières avancées.

Mais bien généralement, que ce soit en Europe, en Amérique latine, en Inde ou en Afrique du Sud, les organisations ouvrières bourgeoises, issues de la IIème, de la IIIème ou de la IVème Internationale collaborent avec les États bourgeois et en assument aussi la gestion.

C’est dans ce contexte que les travailleurs, dans leurs combats pour la défense de leur force de travail, de leurs acquis, sont amenés à créer de nouvelles organisations, syndicales et politiques. Mais bien souvent ces organisations regroupent des débris d’organisations de la IIIème voire de la IVème Internationale.

L’enjeu pour le prolétariat mondial dans ce contexte, est de se réapproprier son histoire, notamment en ce qui concerne les instruments pour la conquête du pouvoir.

La question du parti, question fondamentale

Toutes les situations successivement évoquées conduisent inévitablement à poser la question du parti révolutionnaire. C'est sur cette question centrale que depuis des décennies butte la classe ouvrière. C'est l'absence d'un tel parti qui a pesé de manière déterminante dans les combats dans l'ex-URSS, en Allemagne comme en France, au Brésil et en Afrique du Sud, etc...

En l'absence d'un tel parti, la classe ouvrière et la jeunesse sont totalement livrées aux partis social-démocrates, ex-staliniens et aux débris issus de la IVème Internationale, aux appareils syndicaux (mais aussi aux organisations petites bourgeoises, aux organisations cléricales et humanitaires).

Les organisations ouvrières bourgeoises, les appareils syndicaux utilisent toute la panoplie de leur science contre-révolutionnaire pour défendre le capitalisme, protéger la bourgeoisie et l'État bourgeois : refus d'avancer les revendications ouvrières, isolement et dislocation des luttes, politique de division du mouvement ouvrier, front populaire ou union nationale selon la situation, refus d'ouvrir une perspective politique pour la classe ouvrière, refus même d'aller au pouvoir et quand ils y sont contraints : utilisation de l'État bourgeois pour combattre la classe ouvrière, pour faire passer les exigences de la bourgeoisie.

Mais en même temps, en l'absence de parti révolutionnaire, la classe ouvrière et la jeunesse sont amenées à essayer de se servir de ces organisations contre les organisations purement bourgeoises, contre la bourgeoisie, à les utiliser jusqu’à les porter au pouvoir.

Dans certaines situations, en l'absence de parti révolutionnaire mais aussi de partis ouvriers bourgeois traditionnels, des organisations ouvrières peuvent être construites, par exemple le PT brésilien, ou encore Solidarnosc sous la forme particulière d'un syndicat, qui sont en mesure de postuler au pouvoir. Mais il faut rappeler que le PT brésilien a eu comme initiateur des chrétiens de gauche et des transfuges des syndicats officiels (Lula) et que Solidarnosc a dès l'origine été initié et contrôlé par la hiérarchie catholique polonaise.

De telles constructions "spontanées" restent en général dans le cadre bourgeois. La classe ouvrière n'est pas vierge, nulle part. Partout pullulent, fut-ce à l'état de lambeaux, des groupes et organisations ex-staliniennes, social-démocrates, gauchistes, des groupes petits-bourgeois ou cléricaux qui relaient dans la classe ouvrière la pression de la bourgeoisie, son idéologie. Dès lors que se constitue une telle organisation, ils tentent d’en prendre politiquement le contrôle pour lui imposer une orientation de défense du capitalisme. Parfois, ils peuvent aussi prendre les devants, comme aux États-Unis.

La question d'un Labor Party est une question centrale pour le prolétariat américain. L'absence d'un tel parti facilite l’offensive de la bourgeoisie. La construction d'un tel parti avait été esquissée dans les années 30 parallèlement à une profonde régénérescence du mouvement syndical, mais n'avait pas abouti. Après guerre, la complète soumission de la bureaucratie de l'AFL-CIO à son impérialisme, la dégénérescence du SWP, le poids également des "trente glorieuses" sur le prolétariat américain n'avaient pas permis de reprendre cette construction. Aujourd'hui la multiplication des attaques contre la classe ouvrière américaine, la paupérisation massive d'une part sans cesse croissante de la classe ouvrière conduit nécessairement à poser la question d'un Labor Party.

Il existe d'autres prolétariats pour qui la construction d'un parti ouvrier est une question centrale (c'est le cas, notamment, des prolétariats bolivien,sud-africain, mexicain, brésilien, argentin …). Mais un tel parti ouvrier a besoin d'un programme permettant en particulier de poser et de résoudre la question du pouvoir. Pour impulser et préciser à chaque moment ce programme, pour permettre à un tel parti ouvrier de jouer pleinement son rôle, il faut une avant-garde organisée sur le programme de la révolution prolétarienne : le combat pour le Parti ouvrier n'a de sens que comme transition, dans la perspective de la construction du POR.

Un Parti pour la prise du pouvoir

Résoudre la question du pouvoir, détruire l'État bourgeois et exproprier le capital, entreprendre la construction de l'État ouvrier : pour la classe ouvrière mondiale, il était acquis que cela était une possibilité puisque cela avait été réalisé en 1917. Pour une partie importante du prolétariat, cette perspective --d'une manière ou d'une autre et avec toutes les confusions possibles-- était une nécessité. Aujourd'hui cette conscience a, pour une grande part, disparu ou s'est profondément brouillée.

Toutes les organisations et groupes acharnés à la défense du capitalisme, s'appuyant sur cette situation, tentent de faire revenir la classe ouvrière à un état de conscience politique antérieur même à 1848 : le seul avenir possible doit être le capitalisme. Bien évidemment, ils ne peuvent y parvenir, mais sur cet objectif de grands dégâts peuvent être commis.

Pour l'essentiel, tout se ramène à la question du pouvoir et nous devons réaffirmer avec Marx que "la conquête du pouvoir politique est devenu le premier devoir de la classe ouvrière." (1864).

Cela est d'autant plus vrai aujourd'hui que dans la situation de crise récurrente du capitalisme, de sa marche à la dislocation, toute revendication --qu'elle économique ou politique-- ne peut être satisfaite qu'en posant la question du pouvoir et en la résolvant. Cela implique la nécessité d'un parti :

-          un parti de classe

-          un parti centralisé

-          un parti fondé sur le programme de la révolution prolétarienne.

-          un parti mondial de la révolution prolétarienne

La nécessité de construire de tels partis avec un programme socialiste, organisés au sein d’une Internationale ouvrière révolutionnaire est bien à l’ordre du jour dans les pays où se pose cette question.

Ainsi, nous proposons une analyse des avancées en terme de construction d’organisations ouvrières, partis et syndicats, dans quelques pays du monde, qui connaissent des développements importants de la lutte des classes :

     Afrique du Sud

     Maghreb et Moyen-Orient

     Chine

     Inde

     Amérique latine

     États-Unis

     Québec

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