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Pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire et d’une Internationale Ouvrière Révolutionnaire

Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Maghreb, #lutte des classes

L’Égypte et la Tunisie : vers une seconde vague révolutionnaire prolétarienne ?

Le printemps arabe a montré à l’ensemble de la classe prolétarienne qu’il était possible, à l’image de mouvements révolutionnaires d’Amérique latine, de chasser des dictateurs du pouvoir.

Cependant, sans organisation ouvrière réellement formée, structurée sur l’axe de la révolution socialiste, la question de la prise du pouvoir par le prolétariat, seule classe révolutionnaire, ne peut aboutir victorieusement. Ces mouvements étaient composites, car regroupaient une partie des masses prolétarienne et une fraction de la petite bourgeoisie.

Ces révolutions démocratiques ont permis de chasser les dictateurs mais leur ont succédé des gouvernements bourgeois approuvés par les États impérialistes. Ces nouveaux gouvernements ont organisé des élections dites « démocratiques » pour mettre fin à cette vague protestataire, mais en réalité, la prolétariat a été désarmé et surtout démuni de toute représentativité

.L’élection présidentielle en Égypte a opposé Ahmed Chafik (sans étiquette, Ancien premier ministre de Moubarak, soutenu par l’armée) à Mohamed Morsi (Frère musulman, Parti de la justice et de la liberté) avec la victoire de ce dernier.

Du coté de la Tunisie, l’élection législative a permis au parti Ennahdha islamiste, d’obtenir 41% des sièges grâce à un mode de scrutin favorisant les partis arrivés en tête.

Cependant, ces résultats ne reflètent pas l’ensemble des masses car ces élections font partie d’un processus de détournement de la révolution. Car seuls les partis déjà construits avant la révolution ont pu se préparer à la campagne mais surtout, l’abstention a été très élevée. Ces paramètres ne donnent qu’une légitimé internationale convenant parfaitement aux trusts impérialistes. Mais est-ce que cette situation convient à la population ?

Les grèves et les manifestations ne se sont pas arrêtées. En effet que ce soit à Alexandrie dans l’usine Pirelli, à Mahalla dans le delta du Nil ou à Sidi Bouzid, les mobilisations ont repris, les revendications n’ont pas changé et la répression est la même qu’avant la révolution.

Dans l’usine Pirelli d’Alexandrie, les ouvriers réclament une hausse des salaires ainsi que la démission de la direction ; ils ont fait une grève d’un mois entre juin et juillet 2012. La direction italienne de la firme a répliqué en menaçant de fermer la filiale égyptienne du groupe, en déclarant que l’entreprise possédait plus de 25 succursales dans d’autres pays et ne subirait aucun dommage en fermant la branche égyptienne. Pour empêcher les travailleurs/ses de reprendre la production, d’autogérer l’usine, les patrons ont coupé l’alimentation en eau et en électricité.

A Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, les mobilisations ont repris pour de meilleures conditions de vie, du travail… Les slogans lancés sont « le peuple veut la fin du régime », « ni peur ni terreur, le pouvoir revient au peuple ». Le 15 aout, on comptait 95% de grévistes.

En Tunisie, les tentatives de reconstruction d’un parti bourgeois autour des anciens membres du RCD sous le parti Nidââ Tounes, ont pour but de tenter de former un deuxième pôle face au pôle islamiste. L’UGTT a organisé un Congrès du dialogue national prônant ainsi l’unité avec les partis islamistes comme avec les anciens du RCD. La Ligue de la Gauche Ouvrière membre de la IVème Internationale et liée au NPA y a participé. Cette recherche de l’union nationale saborde complètement la mobilisation des masses de 2011 qui a chassé le dictateur Ben Ali. Au contraire, toutes les organisations se réclamant de la classe ouvrière, UGTT, LGO, Parti des travailleurs tunisiens doivent rompre toute collaboration avec les partis bourgeois, avec le gouvernement dirigé par Ennahdha. Ils doivent porter un programme de défense de la classe ouvrière tunisienne, contre le chômage et la vie chère.

En Égypte, le syndicat indépendant créé lors de la révolution en mars 2011, EFITU (Fédération égyptienne des syndicats indépendants) voit ses rangs gonflés à presque 1,5 million de membres en quelques mois et 150 syndicats y sont affiliés (fév. 2012). Cette centrale est utilisée lors des mobilisations.

L’UGTT en Tunisie et l’ETUF en Égypte, organisations syndicales issues des anciennes dictatures, sont toujours en place et continuent de faire barrage aux masses lors des mobilisations.

Les masses auront à construire des organisations indépendantes des États bourgeois ; les organisations qu’elles ont construites dans ces mobilisations (comme les conseils) peuvent être des points d’appui.

Le véritable enjeu dans ces pays est la construction d’un parti ouvrier révolutionnaire qui pourra réunir les masses et posera la question de la prise du pouvoir en vue de l’expropriation des trusts impérialistes.

 

Algérie : la question de l’appropriation de la rente pétrolière par les masses

Au cours du printemps arabe, des mobilisations ont éclaté dans plusieurs pays tel que le Maroc, le Yémen et l’Algérie. Pour contrecarrer les mobilisations et clore politiquement ce chapitre, le président Abdelaziz Bouteflika, a organisé des élections législatives en avril 2012.

Les résultats étaient attendus et c’est sans surprise que le FLN (parti de Bouteflika) remporte l’assemblée avec 220 sièges sur 462 devant le RND (68 sièges). Il faut noter que le Front des Forces Socialistes obtient quelques sièges (21) après une absence de 10 ans.

L’abstention quant-à elle est élevée avec un taux de participation de 42.9%. La faible mobilisation devant les urnes ne permet donc pas de donner une véritable légitimité à ce gouvernement.

En terme d’organisation, la confédération nationale autonome des travailleurs algériens (CNATA) est créée le 1er mai 2012. Elle est censée regrouper les travailleurs du privé et du public et pour le moment, sept syndicats se sont associés. A voir si cette organisation pourra servir de point d’appui pour les masses contre la politique du gouvernement du FNL qui s’accapare la rente pétrolière.  

 

Iran : vers une nouvelle vague révolutionnaire ?

Dans un contexte international difficile pour le gouvernement d’Ahmadinejad [éventualité d’une attaque militaire d’Israël, pressions des instances internationales sur le dossier du nucléaire, embargo économique des États-Unis], l’Iran est en proie à quelques mobilisations de la petite bourgeoisie. En effet, le grand bazar de Téhéran, traditionnellement un allié financier du gouvernement, a été le théâtre d’une manifestation contre la dégringolade brutale du rial, la monnaie iranienne. Cette mobilisation fait suite aux grèves lancées cet été dans des usines de l’industrie métallurgique et les commerçants de Téhéran ont donc été rejoints par une partie de la population pour protester contre la misère. La question gouvernementale est posée par les cris des manifestants. Compte tenu de son histoire, l’Iran est un enjeu de la lutte des classes pour tout le Proche et Moyen-Orient. La classe ouvrière iranienne aura à renouer avec sa propre histoire puisque rappelons que c’est une révolution prolétarienne qui a chassé la Shah d’Iran inféodé à l’impérialisme américain. Mais c’est parce que le PC iranien a empêché la prise du pouvoir par le prolétariat que la réaction islamique a pu s’imposer.

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