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Publié le par Groupe Révoltes
Publié dans : #Crise, #Economie

Été 2010 : nouvelle débâcle financière

Les échéances reportées de la crise de 2007-2008 resurgissent

 

« Plus personne ne sait où il habite ». C’est avec cette angoisse non dissimulée qu’un gérant de fonds résume l’ambiance générale de l’été sur les marchés financiers.

Les mauvaises nouvelles se sont en effet enchaînées tout l’été et sont bien parties pour se poursuivre. Les chiffres des indices boursiers résument l’ampleur de la débâcle : à Paris, le CAC 40, qui atteignait encore 4.000 points début juillet, peine désormais à se maintenir autour de 3.000 points. Il avait dépassé 6.000 points en juin 2007… Ce quasi-krach boursier touche l’ensemble des places, de New-York à Francfort, qui ont perdu entre un quart et un tiers de leur valeur. Que s’est-il passé ?

 

Une croissance « étonnamment faible », menaces d’une nouvelle récession

Le retournement de la croissance est le premier élément marquant. Après une progression de 0,9% du PIB en France, lié selon la plupart des analystes à la fin de la prime à la casse automobile et à la reconstitution des stocks, la croissance a été nulle au 2nd semestre. Le 20 septembre, le FMI annonce une réduction de ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale, celle des Etats-Unis étant réduite de 2,5% à 1,5% en 2011, celle de la France de 2,1% à 1,7%, celle du Japon, de l’Italie ou de l’Espagne étant plus faibles encore. Seule l’Allemagne, grâce à l’exportation de biens sophistiqués, devrait bénéficier d’une croissance élevée à 2,9%.

Le prolétariat est bien entendu directement touché. Le nombre de chômeur a augmenté de 100.000 depuis le début de l’année, et le taux de chômage officiel tutoie à nouveau les 10%. Aux Etats-Unis, le taux de chômage officiel, environ 9%, reste deux fois supérieur à celui observé avant 2007.

Selon le FMI, "l’activité s'est considérablement affaiblie" rapporte ainsi l’AFP, n’excluant pas que les grandes économies développées puissent "retomber dans la récession". Point essentiel, ils ajoutent que la croissance est "étonnamment faible durant le deuxième trimestre".

Il faut prendre au sérieux cette déclaration. En effet, cet assèchement intervient après une période bien particulière, en 2008-2009, où les États ont injectés des sommes colossales pour maintenir à bout de bras leurs économies. La facture des seuls plans de relance, généralement estimée à 2.800 milliards de dollars, a été incapable de générer une croissance économique plus longue qu’un feu de paille !

 

Le sauvetage des banques… et des avoirs de la bourgeoisie

 

En effet, loin d’être en mesure de relancer une quelconque croissance, les plans de relance et le sauvetage des banques n’ont été engagés qu’en dernier recours, pour éviter une faillite du système – l’effondrement des banques aurait généré, dans la demi-journée, la paralysie complète de l’économie.  Mais cela a aussi permis de sauver ce qui pouvait l’être des avoirs financiers de la bourgeoisie, essentiellement détenu au travers des fonds et banques.

Pour les millions d’américains victimes des subprimes, qui ont été expulsés de leur maison, l’impact a été considérable, mais pour les classes possédantes, qui ont bénéficié des années durant des rendements élevés des produits financiers structurés, le choc a été bien plus limité. La crise financière a certes générée quelques moins-values à court terme : l’effondrement du marché d’actions, la chute (relative) de l’immobilier aux Etats-Unis et dans certains pays européens (Grande-Bretagne, Irlande, Espagne…), quelques faillites spectaculaires comme celle du fonds Madoff. Mais rien qui n’est venu entamer massivement le patrimoine financier de la bourgeoisie.

Ainsi, les Échos du 09 juillet 2010 notait un « curieux paradoxe » : malgré la crise, le patrimoine des ménages s’était stabilisé en 2009 et surtout, « le patrimoine financier s'est en revanche franchement redressé. Il s'est même offert le luxe de retrouver son niveau d'avant la crise, en bondissant de près de 10 % (à 2.507 milliards d'euros) » !

Même chose aux États-Unis, où  les chiffres de la FED, la Réserve Fédérale Américaine, permettent de déceler sans ambigüité le mécanisme à l’œuvre. En 2007, les seuls ménages américains, essentiellement les plus fortunés, concentraient 700 milliards de dollars de titres hypothécaires, via les deux agences parapubliques, Fanny Mae et Freddie Mac, clé de voûte de l’immobilier US qui refinançait 40% de ces prêts. En 2010, après qu’Obama eut annoncé un financement public illimité de ces deux agences jusqu’en 2012, et après y avoir injecté plusieurs centaines de milliards de dollars, les ménages n’en détenaient plus qu’environ 100 milliards… Mais dans le même temps le patrimoine financier était loin d’avoir fondu, car il s’était gorgé des bons du trésor – les titres de la dette de l’Etat américain, bondissant de 250 milliards à plus de 1.100 milliards d’euros !

Ainsi la bourgeoisie et ses banques avaient réussi à sauver globalement l’essentiel, en faisant encaisser aux Etats l’essentiel de la moins-value de la crise des subprimes, qu’elle entendait bien faire payer au prolétariat par le remboursement de la dette publique. Mais la crise de la dette qu’elle a ainsi créée n’a en fait que déplacé l’incendie.

 

Des politiques monétaires divergentes au sein des impérialismes

 

Dans la seule Union Européenne, la dette publique s’est accrue d’un tiers en l’espace de 3 ans, de 2007 à de 2010, ce qui représente une augmentation de 2.500 milliards d’euros ! La capacité des Etats à continuer à en payer les intérêts a provoqué une forte tension sur les taux des pays les plus fragiles. Et après l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et bien sûr la Grèce, c’est l’Italie, au cours de l’été 2011, qui fut touchée à son tour, avec des taux dépassant les 5% (1,9% en Allemagne, 2,6% en France), ce qui rend le paiement des intérêts insoutenables. Et a provoqué l’effondrement de banques européennes, notamment françaises, gorgées de titres de dette italienne.

En comparaison, la dette et les déficits en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis ne sont pas meilleurs que dans la zone euro. Mais jusqu’ici, rien n’est réellement venu mettre en danger leur capacité à refinancer leur dette, pas même la dégradation de la note AAA des Etats-Unis (par une seule des trois agences de notation). Les taux d’intérêts de la dette britannique culminent fin septembre à 2,5%, ceux de la dette américaine à 2%.

Car les impérialismes anglo-saxons ont engagé, via leur banque centrale, une politique monétaire accommodante, dite « d’assouplissement quantitatif ». Il s’agit par là d’offrir d’immenses facilités de liquidités aux banques, et surtout de permettre à leur banque centrale d’acquérir des titres de la dette pour la soustraire aux marchés. Ainsi, le programme QE2 de la FED prévoyait l’acquisition de 600 milliards de dollars d’obligations américaines sur 8 mois ! A la rentrée 2011, la Bank of England annonce porter son programme d’acquisition à 275 milliards de livres.

Cette politique de création monétaire massive reporte les échéances, mais ne résout en rien les contradictions de fond. Le programme « d’assouplissement quantitatif », variante élaborée de la planche à billets, a permis une certaine dévaluation des monnaies par rapport à l’euro, et l’exportation de l’inflation dans les pays émergents, Chine en tête, qui s’efforce tant bien que mal, par le contrôle des capitaux (la monnaie locale, le renminbi, n’est pas librement convertible en dollar), à la juguler, non sans peine. « L’inflation gangrène l’Asie », titre ainsi MoneyWeek, évoquant l’aggravation de l’inflation en Inde (9,5%) et en Chine (6,5%), alors même que la production industrielle chinoise a cessé de croître depuis plusieurs mois. Mais la croissance américaine et britannique demeurent anémiques, incapables de rétablir durablement les profits de la bourgeoisie.

 

 

 

La crise de la dette de la zone euro : les bourgeoisies unies contre leur prolétariat

 

Dans la zone euro, la situation est bien différente. En septembre, la BCE avait acquis 160 Milliards d’euros de titres de dette de la zone euro, soit environ la moitié de ce qu’avait acquis la seule Bank of England ! Et encore ces rachats modérés ont ils provoqué la fureur d’une partie de la bourgeoisie allemande, provoquant le départ de Jürgen Stark, n°2 de la BCE, et une sortie du Président allemand Wulff, s’interrogeant sur la « légalité » de ces opérations!

En effet, le Traité Constitutionnel Européen prohibe de tels rachats d’obligations. Toute la construction de la monnaie unique, aux conditions allemandes, visait justement l’inverse : créer une monnaie unique, forte et stable, susceptible de remplacer le dollar comme monnaie de référence, et préservant ainsi les revenus du capital.  Cela passe par un contrôle strict de l’inflation, par l’obligation pour les Etats de se financer auprès des marchés, et non directement auprès de la BCE. Ainsi, les Etats sont obligés de payer leur dîme aux banques (qui empruntent actuellement à 1,5% à la BCE et prêtent entre 2% et 5% aux Etats, voire davantage), et ne peuvent décider de création monétaire massive sur le mode anglo-saxon, qui réintroduirait une instabilité monétaire incontrôlable.

Il s’agissait ainsi clairement de contrôler les dépenses de l’Etat, et en particulier, de faire baisser le coût de la force de travail. Ainsi, dans une missive confidentielle dévoilée en août par Il Corriere della Sera, Trichet, banquier central en chef depuis 2003, donnait ainsi ses « recettes » pour contrôler le déficit italien, qui sont autant d’attaques contre le prolétariat italien : « moins de rigidité sur les contrats à durée indéterminée, interventions sur l'emploi public, modification d'un système basé sur l'extrême flexibilité des jeunes et des précaires face à une totale protection des autres, contrats de travail stimulant la productivité » !

Il s’agit bien, sous couvert du strict paiement des intérêts de la dette, d’une véritable machine de guerre contre les prolétariats européens. Les plans d’austérité qui se succèdent sur tout le continent sont autant d’attaques qui portent essentiellement sur le nombre et le salaire des fonctionnaires, les prestations sociales, l’éducation publique…

Pour autant, la bourgeoisie est bien consciente des limites à ne pas franchir. L’ancien président de la Commission Européenne, le luxembourgeois Juncker, déclarait ainsi début octobre à propos des Grecs: « Je ne voudrais pas que la crise se transforme en un front de refus social qui (devienne) ensuite un refus de notre modèle économique ».

La résistance des prolétariats, sur la base de la défense de leurs acquis sont autant d’obstacles à cette politique. Elle ne peut cependant aboutir sans imposer, en premier lieu l’arrêt immédiat du paiement de la dette !

 

Arrêt du paiement des intérêts de la dette ; annulation pure et simple de la dette !

Expropriation des banques sans rachat ni indemnité !

A bas l’Union Européenne ! Pour les Etats-Unis socialistes d’Europe !

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